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Le Nez
Le poème ‘Le Nez’ de Jean Auvray, publié en 1623 dans ‘Le banquet des muses’, dépeint avec humour et ironie les diverses fonctions d’un nez imposant. À travers des métaphores extravagantes, Auvray traite du thème de l’amour inconditionnel, tout en mettant en lumière les absurdités de l’attirance physique. Ce poème emblématique invite les lecteurs à réfléchir sur la nature des relations humaines et nos préjugés.
Il n’est pas toujours véritable Que chacun aime son semblable, Puis qu’on voit d’un contraire sort La plus camarde de la rue Être amoureuse devenue D’un grand nez à double ressort. Mais vous n’entendez pas la ruse ; Par ce grand nez, cette camuse Conserve en tout temps sa beauté : L’hiver, au feu ce nez de balle Lui sert d’écran contre le hâle, Et de parasol en été. Je ne tiendrais plus pour merveille La Pyramide nonpareille Qui jadis ombrageait Memphis, Puis que ce nez à triple étage À midi mettrait à l’ombrage Six rangs de piquiers dix-à-dix. Ce grand nez sert en mainte sorte : De verrou à fermer la porte, De bourdon pour un pèlerin, De javelot, de hallebarde, De pilon a broyer moutarde, Et de claquet pour un moulin. II sert aux maçons de truelle. D’un éventail à damoiselle, De bêche pour les jardiniers, De soc pour labourer la terre, D’une trompette pour la guerre Et d’astrolabe aux mariniers. Ce nez en dos d’âne se cambre Comme l’anse d’un pot de chambre, Puis, s’évasant en coquemar, Son gros bout, plat comme une gâche, Se rend propre à faire un rondache Ou l’écusson d’un jaquemart. Mais pourquoi, petite camarde, Aimes-tu ce nez de bombarde ? Tes amours sont désordonnés. Pensais-tu, lascive saffrette, Que le membre de sa braguette Fut à proportion du nez ? Tu ne savais donc pas, folâtre, Que nature voulant (marastre) Dessus ce corps prodigieux Se jouer en ses artifices, Lui fit le nez entre les cuisses Et le priape (*) entre les yeux ? Mais ce qui est le plus difforme, C’est que sous ce grand nez énorme S’ouvrent deux grands trous caverneux Qui lui broient plus de peinture Que le cul, peintre de nature, Sur l’anneau d’un retrait bréneux. Qui voit ses narines soufflantes, Écumeuses, larges, ronflantes, Peut bien juger que ce paillard Eut jadis un roussin pour père, Ou que sa ribaude de mère L’engendra du cheval Bayard. Aussi un jour ce gros ivrogne Ronflait, d’une bachique trogne, Si fort dessus son traversin, Que, sur les murs, les échauguettes, Pensant ouïr quelques trompettes, En firent sonner le tocsin. * Priape : Sexe. Extrait de: Le banquet des muses (1623)
En conclusion, ‘Le Nez’ de Jean Auvray offre une réflexion amusante sur l’amour et l’apparence physique. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de cet auteur pour découvrir ses autres facettes littéraires ou partagez vos impressions sur ce poème.