La Quête de l’Âme et le Souffle des Fleurs Perdues
Où jadis toute vie en parfums se déchaîne,
S’étend, vaste jardin aux sortilèges oubliés,
Le théâtre murmure d’un rêve effeuillé.
Là, sous les ramures aux tendres étreintes,
L’Âme errait, légère, en touches indistinctes,
Cherchant le souffle doux d’une essence passée,
Fragrance évanouie, aux grâces effacées.
Sa robe immatérielle, voile d’azur tranquille,
Glissait parmi les roses aux rouges indociles,
S’effleurant des senteurs, notes pâles et subtiles,
Comme autant de fenêtres sur l’être du difficile.
Le vieux chêne dressait sa silhouette austère,
Porteur de la mémoire d’un temps séculaire,
Ses feuilles croissaient en or, en vert, en mystère,
Secrets imprégnés d’une odeur éphémère.
Sur un lit de jasmin, blanche mer exhalée,
S’épanouissait l’écho d’une senteur rêvée,
Mais l’Âme, insatiable, désirait plus encore,
Cette fragrance fidèle que le vent dévora.
« O jardins, murmura-t-elle, toi qui gardes l’histoire,
Ouvre-moi la voie vers le sein de la mémoire,
Montre-moi le parfum que le temps effaça,
L’arôme oublié qu’hier encore me berça. »
Un souffle léger glissa, berçant les roseaux,
Une voix dans le vent, caresse sur les flots,
Le parfum d’un lys blanc, au tendre mystère,
Se mêlait à l’herbe douce, à la courbe claire.
L’Âme suivit le fil des fragrances tissées,
Chacun une étoile d’un ciel délaissé,
Sur les lèvres des mûres, sur la fleur du tilleul,
Sur la brise au soir tombant, en voile qui s’éveille.
Les tilleuls pleuraient d’or leur candeur,
Le chèvrefeuille nouait ses arabesques heures,
Sous une arche d’ambre, elle perçut soudain,
Un souffle léger, un murmure lointain.
Cette senteur était celle ténue et fragile,
Que jadis une rose, dans ses bras servile,
Lui confia comme un secret, un doux serment,
Cette essence oubliée des âges tombants.
« Suis-moi, ô Âme, vers l’oubli retrouvé, »
Chuchota la brise en un souffle nacré,
Et les allées narraient des contes enfouis,
Remplis de lumière, d’attente et d’appuis.
Les boutons de soucis écloraient en amour,
Le lys et la violette entrelaçaient leurs contours,
Un bouquet d’ombres claires et de soupirs muets,
Dévoilait le parfum que nul n’avait jamais.
Au centre du jardin où l’oubli s’efface,
Se trouvait une fontaine, miroir de la grâce,
Son eau claire au chant pur, susurrait la mémoire,
Révélant l’arôme enfoui dans l’histoire.
L’Âme s’y pencha, buvant l’aube en éclats,
Et soudain toute odeur lui vint en éclats :
Le parfum des primesautiers jours d’enfance,
De l’été, de la pluie, et de l’innocence.
Chaque goutte, un hymne à la douce nature,
Chaque éclat, un tableau d’éternelle pure,
Mêlant l’ombre et la lumière, l’effluve et la clarté,
Offrant à l’Âme enfin sa complète identité.
Et dans ce reflet d’eau, se leva la vérité :
La fragrance cherchée n’était qu’une vérité,
Le souvenir même, la trace d’un bonheur,
Qui danse dans le temps, fragile faite de cœur.
Alors, l’Âme rayonna d’une paix infinie,
Baignant dans la lueur d’une sève bénie,
Elle comprit que la quête elle-même était fête,
Que la fragrance vivante en elle seule naissait.
Et le vieux domaine, sous le voile du soir,
S’emplissait d’un chant d’espérance et d’espoir,
Le jardin, autrefois voué au doux oubli,
Reprit vie dans l’ardeur d’un parfum ressuscit.
Voici que s’épanouit l’essence des heures,
Dans la couronne ardente aux pétales de fleurs,
D’où l’Âme s’élevait, en noble apothéose,
Portant en son sein le souffle grandiose.
Ton cœur, lecteur, si ton pas suit la lumière,
Trouvera dans l’ombre l’éclat d’une prière,
Car chaque instant perdu, chaque soupir voilé,
Garde en sa profondeur tant de roses sacrées.
Ainsi dans ce jardin où le temps se repose,
Où l’oubli n’est plus que douce métamorphose,
L’Âme triomphante, en sa quête terminée,
Doit vivre désormais, embaumée et comblée.
Et le vent parfumé continue sa danse,
Portant au-delà du temps son heureuse révérence,
Offrant aux âmes folles en quête d’infini,
La fragrance secrète du bonheur choisi.