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Le Pont des Adieux Illusoires

Dans l’ombre d’un pont qui gémit sous le poids des souvenirs, un soldat revient sur les lieux où l’amour et la guerre se sont croisés. Ce poème explore les thèmes de l’attente, de la perte et des illusions qui persistent même lorsque tout semble perdu. À travers des images poignantes et des émotions profondes, il nous plonge dans un récit où le passé et le présent se confondent, laissant des cicatrices invisibles mais indélébiles.
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Le Pont des Adieux Illusoires

Le crépuscule étirait ses lèvres grises sur la ville endormie,
Tandis qu’un soldat, fantôme aux yeux brûlés par les guerres lointaines,
Traînait son ombre amputée sur les pavés luisants de pluie.
Son manteau, linceul lourd de boue et de regrets anciens,
Claquait au vent tel un drapeau de défaite anticipée.
Le pont. Il l’avait reconnu aux gémissements de ses pierres,
À ce parapet où jadis fleurissaient leurs serments fragiles,
Maintenant rongé par le gel des hivers sans réponse.

La rivière en bas chantonnait une complainte érodée,
Miroir trouble où se noyaient les étoiles promises.
Il comptait les gouttes—autant de secondes mordant sa nuque—
Cherchant dans le brouillard la silhouette ensevelie dans ses lettres.
« Je reviendrai quand les marronniers auront des mains rouges »,
Lui avait-elle soufflé, un soir où l’automne saignait trop tôt.
Mais l’automne avait tournoyé sept fois depuis, emportant ses rires
Dans les tourbillons de feuilles mortes et de silences posthumes.

Soudain, un frisson—espoir ou fièvre ?—lui tordit les entrailles :
Là-bas, près de la troisième arche, une forme oscilla…
Rien. Seul le chuchotis des rafales dans les haillons du jour.
Il ferma les paupières, revit la scène en cinéma muet :
Elle, drapée dans sa robe d’azur troué de larmes,
Lui, engoncé dans un uniforme déjà couleur de tombe.
« Prends ceci », avait-elle murmuré en glissant dans sa paume
Un médaillon rouillé où dormait un portrait en demi-teinte.
« Tant que l’or luttera contre la rouille, je t’attendrai. »

Maintenant, le médaillon ricanait sous les cataractes célestes,
Sa chaîne scellant sa chair comme un collier de galérien.
Le soldat arracha le talisman maudit, le contempla :
L’image n’était plus qu’une tache—cicatrice de l’absence.
Un éclair déchira la nue, illuminant d’un coup de scalpel
Les initiales gravées sur le parapet—E. & A. érodés par les siècles.
Il posa ses doigts-guerriers sur les lettres blessées,
Sentit remonter en lui le goût de cendre des batailles perdues.

« Adèle… » Son premier mot depuis l’hôpital de campagne,
Râle rauque de noyé que les flots s’empressèrent d’effacer.
Le vent apporta en retour un écho de robes légères,
Un parfum de lilas mêlé à l’acier des obus non explosés.
Illusion. Toujours cette maudite habitude d’entendre
Dans chaque craquement de bois les pas qu’il espérait.
Ses genoux heurtèrent les dalles, prière sans dieu ni issue,
Tandis que la pluie ourlait son dos de lances vikings.

Alors vint le souvenir—atroce et doux—de la dernière lettre :
« Les marronniers ont rougi trois fois sans que tu reviennes.
Père dit que la mort est un mensonge commode pour les lâches.
J’ai retiré mes souliers de bal, ils prenaient la poussière… »
Il n’avait jamais reçu les autres. La guerre aimait jouer
Aux dominos avec les cœurs, mélangeant les cartes du destin.
Peut-être était-elle là, maintenant, quelque part sous ces pierres,
À regarder couler ce fleuve qui emporta leurs vœux d’antan.

Une horloge sonna minuit dans un clocher fantôme.
Le soldat se redressa, convulsé par une certitude soudaine :
Et si elle était venue, un jour, guetter son ombre au même endroit,
Pleurant jusqu’à ce que ses larmes creusent un lit à la rivière ?
Il imagina leurs attentes parallèles, fantômes dos à dos,
Dansant sans se toucher une valse de malentendus éternels.
Cette pensée lui arracha un rire amer, monnaie de singe
Qui roula dans la nuit avant de se noyer dans l’égout voisin.

Ses mains rencontrèrent alors une anomalie dans la pierre :
Une fissure en forme de cœur, cachant un papier plié.
D’une écriture tremblée—la sienne—il déchiffra :
« Si tu lis ceci, c’est que j’ai tenu jusqu’au bout de mes forces.
Pardonne-moi d’avoir choisi l’honneur plutôt que ton étreinte.
La gloire est une maîtresse cruelle qui exige tout en silence.
Je t’aime. Dans chaque goutte de pluie, cherche mon baiser. »
Daté du 14 mars 1917. Le jour même où, à l’aube,
Il avait chargé dans la brume, sabre au clair et âme en lambeaux.

Le choc le traversa comme une balle perdue. Ainsi,
Il avait écrit ces lignes en pressentant sa fin prochaine,
Mais la mémoire—cette traîtresse—les avait effacées.
Maintenant, l’aveu tardif le clouait à ce pont de mensonges,
Spectateur de sa propre tragédie jouée en miroir brisé.
Il comprit alors l’ampleur du quiproquo : elle avait cru
À son renoncement, lui à son abandon. La pluie ricana.

Un grondement monta des eaux, symphonie de désespoir.
Le soldat enlaça le parapet comme on serre un frère mort,
Sentit le granit s’amollir sous ses larmes de résine chaude.
« Adèle… » Le nom explosa en milliers de syllabes ailées
Qui allèrent se coller aux vitres closes de la ville indifférente.
Dans un ultime sursaut, il lança le médaillon à la rivière—
Offrande aux dieux sourds qui dirigent les marionnettes humaines.

Puis, lentement, comme enjambant la tranchée ultime,
Il se pencha vers les flots qui dansaient une ronde macabre.
La chute fut douce—un adagio de plumes et de regrets.
L’eau referma ses bras gluants sur ce corps sans cicatrices visibles,
Tandis qu’à l’autre bout du pont, une vieille femme impotente
Lâchait un bouquet de lilas fanés, murmurant pour elle-même :
« Sept ans que je viens chaque soir… Les marronniers saignent toujours. »

L’aube trouva deux souvenirs échoués sous la troisième arche :
Un médaillon rouillé ouvert comme une plaie béante,
Et des pétales mortes tournoyant en procession funèbre.
Le pont, lui, continuait de gémir sous les pas indifférents,
Gardien impotent des promesses que le temps transforme en pierres.

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Le Pont des Adieux Illusoires nous rappelle que les promesses, comme les ponts, peuvent se fissurer sous le poids du temps et des épreuves. Mais au-delà de la douleur, il y a une beauté dans la résilience et dans la capacité à aimer, même lorsque tout semble perdu. Ce poème nous invite à réfléchir sur les choix que nous faisons, les attentes que nous portons, et les traces que nous laissons derrière nous. Et si, finalement, l’amour était la seule vérité qui résiste à l’érosion du temps ?
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr

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