Le Serment Brisé de l’Île Maudite
I.
Dans l’ombre d’une île aux cieux d’opales célestes,
Où le vent soupire aux confins d’une mer funeste,
Vivait Tristan, jeune poète aux vers ensorcelants,
Maudit par le destin, aux rêves tourmentants.
Les flots, en écho triste aux murmures des abysses,
Chantaient l’antique grief d’une vie aux douces bises,
Tandis qu’en son âme pure se forgeait un serment
D’amour et d’amitié, d’un éternel engagement.
II.
Sur la grève de cet enfer, où murmurait la brise,
Tristan eut pour compagnon l’ami qu’il méprise
Jamais en son cœur, si cher et fidèle à l’esprit,
Marcian, l’âme sœur, dont l’éclat sans fin l’éblouit.
« Par ce serment sacré, par ces mots immortels,
Nous lierons nos destins aux heures solennelles.
Que nul ne ternisse ce pacte en nos destinées,
Et qu’en nos cœurs fervents l’espérance soit scellée. »
Telles furent les paroles, prononcées en silence,
Dans la nuit d’argent, en une sublime révérence.
L’écho de l’alliance résonna en la vaste lande,
Tandis que l’infini écoutait la voix qui commande.
III.
Mais le sort, implacable, se joue de nos chimères,
Et la mer, en furie, se dresse en ombres austères.
Un funeste orage vint briser la paix des cieux,
Et troubler l’amitié d’un serment solennel et pieux.
La tempête se leva, dévoilant sa fureur,
Arrachant aux deux amis la douce lueur
De leurs jours enchantés, emportant sous ses ailes
La joie des serments, glissant vers des morts cruelles.
Les vagues, furieuses, engloutissaient l’espérance,
Et sur la rive, l’amertume berçait la souffrance.
Dans ce chaos funèbre, en une nuit de deuil,
Tristan sentit en son âme l’amertume d’un feu.
IV.
Lorsque le destin, cruel, tendit son piège obscur,
L’appel d’un secours se fit entendre, si dur,
Par la voix tremblante d’un naufragé égaré,
Que la mer avait recueilli, en son sein damnée.
« Ô toi, poète maudit, laisse-moi ton abri,
Que l’ombre de la vie ne soit plus ici;
Viens, partage ton refuge, dans ce sein de douleur,
Où l’amitié se brise en mille éclats de peur. »
Marcian, aux yeux d’ambre, implorait dans la nuit
L’aide de son cher frère — une demande infinie.
Mais le cœur de Tristan, accablé par l’effroi,
Vit se dresser en lui le spectre douloureux de la loi.
V.
Car le serment a ses lois, et l’honneur fidèle
Doit suivre la voie tracée en son destin cruel.
Les circonstances funestes le poussèrent à renier
Cet idéal ancien, jadis si bien proclamé.
Sous les hurlements du vent, l’âme égarée,
Tristan hésitait, déchiré par la moralité
D’un devoir ancestral, d’un vœu ancien sacrant,
Mais le doute mortel le rongeait cruellement.
« Marcian, fidèle ami, pardonne ma faiblesse,
Ce choix déchiré, tiré de la détresse,
Car l’abandon de ton espoir, en cette nuit noire,
Brise en mon cœur la flamme de notre mémoire. »
VI.
Ainsi vint l’instant fatal, celui d’un cruel aveu,
Où le serment éternel fut trahi sous les cieux.
Emporté par l’urgence d’un destin implacable,
Tristan quitta son ami pour une issue instable.
Le naufragé, dans ses larmes, implora son secours,
Tandis que la mer offrait en retour son velours
D’amertume et de pleurs, l’ultime étreinte
D’un destin fatal qui sans pitié, se déchaine.
VII.
Au cœur de l’orage, sur les rochers ensanglantés,
Marcian fut abandonné, seul, et maltraité.
Ses yeux, jadis éclatants, voilés par la douleur,
Virent l’amitié sacrée se dissoudre en malheur.
« Pourquoi, cher Tristan, trahis-tu notre serment,
Celui qui promettait un éternel Engagement ?
Ne vois-tu point la ruine de nos âmes brisées,
Dans l’écho funeste des serments délaissés ? »
Mais la voix de Tristan, engourdie par la honte,
Ne trouva que l’écho d’une âme qui se confronte
À sa propre trahison, à son abandon funeste,
Et à la douleur que le destin à jamais orchestre.
VIII.
La mer, implacable, engloutissait ce drame,
Tandis que les cieux pleuraient sur leur funeste blâme.
Le poids de l’erreur, tel un fardeau de misère,
Accablait le poète, condamnant son âme fière.
Errant sur l’île lugubre, perdu dans son errance,
Tristan méditait en vain sur l’acrimonie ample
D’un serment brisé, d’une promesse reniée,
Et d’un amour d’amitié cruel et impardonnable, consumé.
Dans l’obscurité d’une nuit sans répit,
Laissez-moi conter, en vers d’une triste mélodie,
L’histoire d’un cœur meurtri, d’un destin imposé,
Et d’une foi en l’humanité à jamais fêlée.
IX.
Les jours se succédèrent, lourds de regrets amers,
Et chaque aurore naissante, en ses lueurs polaires,
Réveillait en lui l’horreur de sa faute soudaine,
Un rappel cruel et vif d’une trahison incertaine.
Sur le sable froid de cet isolement maudit,
Tristan écrivait en vain pour conjurer son esprit
La sentence inéluctable d’un pacte désormais rompu,
Gravant dans l’éternel son âme à jamais vaincue.
Les vagues chantaient ses vers dans un murmure pleurard,
Témoignant de sa peine, d’un destin si avare
De lumière, d’espoir, et d’une ultime vérité :
Le serment brisé laisse en nos cœurs des cicatrices de fer.
X.
Lors d’une nuit sans étoiles, la mer en grondement,
Tristan revit les serments en un funeste tourment,
Et dans le vent glacial, entendit la voix tragique
De Marcian, perdue, dans un cri d’amour épique.
« Où sont-ils, les serments qui liaient nos existences ?
Où est l’éclat du rêve, l’honneur des confidences ?
Ton cœur, jadis si noble, porte aujourd’hui le fardeau
D’une trahison amère qui te condamne au tombeau. »
Ces mots, tels des spectres, s’insinuèrent en son âme,
Faisant éclore en lui le regret et l’amère flamme
D’une jeunesse dorée, où l’espoir était si vaste,
Avant que le destin ne scelle son sort funeste.
XI.
En écho à ce douloureux et funeste discours,
Le vent reposait un silence, lourd et toujours
Accablé du poids de promesses jadis sacrées,
Qui s’effritaient en lambeaux, dans l’obscurité achevée.
Ainsi, chaque soir, dans un recoin d’absolu,
Tristan pleurait le serment que le temps a déchu,
Et gravait sur des parchemins aux allures sépulcrales
Les derniers soupirs d’une amitié, en notes vespérales.
« Si seulement le destin m’avait offert un espoir,
Si mon âme avait pu fuir ce sombre désespoir,
Peut-être, dans l’étreinte d’une aube renaissante,
Aurais-je pu retrouver l’innocence éclatante. »
Mais le temps, implacable, n’accordait plus de trêve,
Emportant avec lui la lumière que le cœur s’achève,
Et l’inévitable chute du rêve en déclin,
Laissant l’esprit en lambeaux, perdu dans son chagrin.
XII.
Le jour vint enfin, solennel, aux lueurs macabres,
Où le destin, sans détour, scella ses funestes sabres.
Dans le fracas des vagues, dans le grondement des cieux,
Tristan, brisé par sa faute, sombra dans un adieu
Trop cruel pour être supporté par l’âme meurtrie,
Laissant un sillage d’amertume en une ultime vie.
Les vestiges du serment, épars dans l’infini,
Deviennent en un funeste poème d’une tristesse infinie.
Marcian, dans l’éther, hante encore les rivages,
Condamné par le silence des amitiés en naufrage.
XIII.
Dans un murmure final, les vents portèrent sa plainte,
La complainte du poète, aux larmes déteintes,
Et la mer, dans son étreinte, garda pour toujours
La mémoire d’un serment et de ses illustres détours.
Tristan, l’âme perdue, errant dans la nuit profonde,
Vit son existence se dissoudre en une ombre immonde,
Laissant en héritage un récit de trahison et de peine,
Dont la douleur, éternelle, sur nos cœurs se déchaîne.
« O nuit, complice fidèle de mes douloureux regrets,
Que tes ténèbres recueillent mes amours inachevés !
Puisque le destin m’a condamné aux affres du remords,
Puisque mon âme est brisée en ce monde mort,
Accueille en ton sein la mémoire d’un serment trahi,
L’écho d’une amitié — à jamais, ici, endormie. »
XIV.
Dans le silence infini où se dissipent les chants,
L’histoire de Tristan résonne en des accents pleins
D’une tragédie sublime, d’un amour vain consommé,
Où la trahison, funeste, a tout à jamais brisé.
Ainsi s’achève le chant d’un poète maudit,
Dont le cœur, en lutte incessante, fut par le sort détruit.
Le serment éternel, jadis scellé en un presbytère
Des rêves et des espoirs, se trouve réduit à poussière ;
L’île, témoin immuable de ces heurts d’émotions,
Garde en ses rochers l’âme de nos vives passions.
XV.
Que ce récit, en vers d’une pure mélancolie,
Soit le miroir d’une vie en une tragique autopsie,
Où l’homme se débat contre l’inéluctable destin,
Où l’amitié sacrée se meurt sous un joug malsain.
Car en chaque serment brisé, en chaque vœu renié,
Se cache le reflet amer de nos vies compromises.
Ici repose Tristan, dans un ultime repentir,
Sa plume, épuisée, a fini par se trahir,
Et Marcian, l’ombre, pleure un pacte déchu en silence,
Témoignant de la fragilité de l’âme en errance.
Que l’écho de cette histoire, à jamais gravé en nos cœurs,
Rappelle aux hommes la valeur de leurs tendres lueurs,
Et les avertisse, en un lent et douloureux refrain,
Qu’une promesse, si brisée, scelle le destin humain.
Ainsi se clôt le tumulte d’une vie en déclin,
Où l’amour fraternel fut réduit à un triste chagrin.
Sous le regard impassible du ciel et des marées,
Le serment éternel demeure à jamais sacrifié.
Dans ce décor d’île lointaine, d’abîme et de tourments,
Les âmes se perdent dans les méandres du temps ;
Tristan, dans son dernier soupir, laisse ces mots funèbres,
Que nul ne saurait effacer, ni balayer de ses ténèbres.
Ô lecteur, contemplez cette œuvre en humble hommage,
À l’amitié brisée, au destin cruel sans partage,
Car dans chaque pas de la vie, dans chaque serment trahi,
Se cache l’ombre inéluctable d’un destin qui finit.
Le serment brisé de l’Île Maudite en est la terrible empreinte,
Une leçon de douleur et d’amour que le temps jamais ne peinte.