L’Ombre aux Deux Visages
Dans la ruelle étroite où l’air semble immobile,
Errant sans repos, l’âme en douce bataille,
Naquit l’étrange acte où joie et peine s’entrelacent.
Au sol glisse une ombre, fine et hésitante,
Telle une confidence en forme vacillante.
« Qui suis-je, murmure-t-elle au silence muet,
Quand mon cœur se déchire entre l’éclat et le regret ? »
Cette lumière pâle, pareil au dernier souffle,
Découpe dans le mur une vérité troublante.
Le jeu du noir et blanc sur les pavés luisants
Raconte sans parole les affres du vivant.
Ô toi, l’âme ambivalente aux secrets voilés,
Tu danses et trébuches parmi ces vents glacés.
Ton rire est un chant où s’entremêlent les pleurs,
Tes jours s’enlacent aux ombres de tes heures.
Devant une porte close, tu t’arrêtes, songeuse,
Le bois murmure fort cette histoire mystérieuse :
« Entre la joie éclatante et la tristesse sombre,
Chaque pas qu’on avance est un adieu qui gronde. »
Le pavé sous tes pieds glisse avec précaution,
Témoin muet des luttes de ta condition.
Sur ta peau frémissante passe un souffle ancien,
Un écho d’espoir fragile en ce monde incertain.
À travers ta fenêtre siffle un vent de cristal,
Tandis que les étoiles, complices, au-delà, scintillent.
Ton regard se perd dans les sentiers infinis,
Où s’enfuient en silence les songes de la nuit.
« Ne suis-je que ce reflet sur la pierre luisante ?
Un jeu d’ombre et de lumière à l’âme vacillante ? »
Interroges-tu l’ombre, qui glisse et disparaît,
S’enfuyant, elle laisse ce doute en secret.
Le temps se suspend un instant, et tu entends
Le murmure profond des sentiments croissants.
Une joie douce, éclatante, sur la tristesse s’étend,
Telle une mer calme avant le vent.
Dans ce couloir étroit, naissance d’un frisson,
Un dialogue intime, une quête sans raison :
Aller au-delà des voiles, des masques usés,
Pour comprendre enfin ce cœur tourmenté.
Une voix intérieure s’élève, presque secrète,
Révélant la dualité de l’âme concrète :
« Nul ne peut fuir ce jeu d’ombres mêlées,
Car en chaque être humain naît cette vérité. »
Tu avances encore, avec hésitation,
Lumière vacille aux confins de ta raison.
Cette ruelle, théâtre de l’âme héritée,
Accueille tes pas lourds de rêves contrariés.
Et lorsque la nuit déploie ses ailes sombres,
Tes pensées dérivent, se perdent dans l’ombre.
Entre unsoupir de vie et désir d’infini,
S’ouvre la voie obscure où naît l’inconnu.
Alors, face au vide et au mystère profond,
Tu t’absorbes dans l’écho d’un invisible frisson.
Ô âme en tumulte, indécise et fragile,
Ta quête errante demeure indélébile.
Car la ruelle, gardienne des heures fugitives,
Conserve en ses pierres le souffle des dérives,
Dans le fracas silencieux de l’instant suspendu,
Tu portes l’ambigüité d’un mal non résolu.
Sous l’arche fanée, s’évanouit ton corps,
Mêlé aux ombres du passé, aux souvenirs d’or.
La lumière décline en un dernier ballet,
Laissant en suspens le secret de ton trajet.
Et toi, spectateur des nuits infinies,
Tu scrutes au-delà de la fin, de la vie ;
Car l’âme humaine, oscillante et sans repos,
Ne cesse de naître au creux des flots.
Ainsi la ruelle, enveloppée d’obscur,
Invite à l’éternel, au mystère qui dure.
À l’ombre de l’âme, sur le fil de l’instant,
Se noue la légende d’un cœur vacillant…