À l’Aube du Sentier du Rêveur
Un sentier s’éveillait sous la brume légère,
Où dansaient les feuillages aux hymnes de la cendre,
Et soupirait l’aurore en mystère ancien.
Marchait seul, le Rêveur, l’âme éprise de voyage,
Fugitif des ombres, écartant la nuit close,
Son pas léger suivait l’appel du rivage
D’un futur incertain que son cœur proposa.
Les arbres fredonnaient des chants oubliés,
Leurs racines enlacées comme des mains anciennes,
Tandis qu’au loin le jour filait ses voilées,
Peignant en doux éclats des promesses chrétiennes.
« O muse de l’aube, dit-il dans le silence,
Guide mes rêves au-delà de la néant,
Que l’espérance éclaire, dans son immense,
Cet horizon où près de moi se tient le temps. »
La brise, complice, caressait ses tempes,
Portant les légendes de la terre éclose,
Et le frou-frou discret des herbes, exquises, lampes,
Illuminant l’ombre d’un frisson de rose.
Parfois, son esprit hantait la douce errance,
Perdu dans l’éther de songes incertains ;
Mais il sentait vibrer une secrète alliance,
Celui d’un avenir que tissent les chemins.
Sous le dais vermeil des érables qui rougissent,
Chaque pas s’imprimait d’un espoir souverain ;
Le vent semblait murmurer, sans jamais qu’il fléchisse,
Des promesses blondes où s’élancent les destins.
Il songeait jadis à ces mirages lourds,
De soucis enfouis dans les replis du temps,
Mais voici qu’au matin, se dissipent les jours,
Comme un voile levé par un souffle apaisant.
« Que serai-je demain ? » l’interrogeait la route,
Furtive et sereine entre champs et ruisseaux,
Le Rêveur répondait, sans peur, à toute doute :
« Je serai celui qui brave l’obscur et les maux. »
Les oiseaux s’emplissaient de chansons claires,
Comme pour encenser ce monde en renouveau,
Et la lumière emplissait l’air et la terre,
D’un éclat divin, d’un éclat plein de vœux.
Un ruisseau s’esquissait, file d’argent fugace,
Courant entre les pierres au cœur du bois vivant,
Portant avec lui l’élan et la grâce,
Miroitant l’espoir, comme un rêve triomphant.
Approchant d’un plateau, le Rêveur se posa,
Le front baigné de sueur et d’espérance claire,
Dans ses yeux une flamme, éclat pur et léger,
Comme un phare planté au milieu de la mer.
Il comprit enfin qu’au-delà des peurs,
Au-delà des chemins enneigés d’angoisse,
Réside un avenir qui s’éveille en fleurs,
Sur les rives vivantes de l’aube qui croît.
Il dénoua soudain les nœuds de son âme,
Brisant les chaînes des doutes et des abîmes,
Ouvrant son cœur large à la clarté qui s’enflamme,
Devant l’infini, devant le sublime.
« J’avance, dit-il, vers ce jour où s’écrit
L’histoire d’un être délié de son chaos,
Et je porte en moi le chant qui s’enfuit
Des terres inconnues au soleil nouveau. »
Alors, l’aube s’étira, caresse d’or tendre,
Le sentier s’embrasa de promesses nées,
Le Rêveur fugitif, les bras ouverts pour rendre
Son cœur à l’espérance enfin révélée.
Ainsi se perdait l’ombre, s’effaçant doucement,
Dans la clarté sublime d’un présent nouveau,
Et la vie, en promesse, en chant éclatant,
S’ouvrait en un avenir lumineux et beau.
Ce jour-là, au matin, le poète rieur,
Rêveur fugitif, conquit à l’avenir,
Marchait en sage et serein conquérant des cœurs,
Portant en lui l’éclat d’un éternel désir.
Si l’âge d’or chante encor dans le souffle du temps,
C’est que jamais le rêveur ne trahit sa quête.
Dans la lumière, il avance, humble et triomphant,
Vers ce futur où l’espoir jamais ne s’arrête.