Le silence s’étend, souverain, dans la chambre,
Où flotte le parfum d’un fantôme adoré.
De notre fol été ne reste que l’ambre,
Un souvenir lointain par le temps dévoré.
Voici le livre ouvert que ta main a fermé,
Et le miroir terni qui cherchait ton image.
Tout semble murmurer, d’un accent alarmé,
Que l’amour s’est enfui vers un autre rivage.
Je ne maudis jamais la douceur de tes yeux,
Ni l’instant où le sort a tranché notre chaîne.
Je garde au fond du cœur, comme un bien précieux,
La douleur de l’absence et l’écho de ma peine.
Il faut que la blessure, en secret, s’adoucisse,
Que les pleurs de la veille enfantent le demain.
Pour qu’enfin, de ce deuil, un espoir refleurisse,
Et que je puisse, seul, reprendre mon chemin.

