Le Spectre du Quotidien
L’hiver a envahi la chambre désertée,
Où flotte encore l’air de ta poudre ambrée ;
La pendule se tait, figée dans le passé,
Témoin de cet amour que le temps a blessé.
Chaque objet familier devient un lourd reproche,
Ce livre qu’on lisait, ce verre sur la roche.
Je crois voir ton reflet dans l’âtre qui s’éteint,
Fantôme gracieux d’un bonheur incertain.
Le vide résonne ainsi qu’un glas funéraire,
Et mon âme se perd dans ce triste mystère.
J’écoute, cœur serré, le vent pleurer dehors,
Comme pleurent les amants sur leurs rêves déjà morts.
Pourtant, je goûte, hélas, cette sombre beauté,
De voir mon univers par l’absence hanté.
Car souffrir de t’aimer, dans ce deuil solennel,
C’est garder un instant notre éclair éternel.

