Je marche à tes côtés sans que ta main ne touche
La fièvre de mes doigts qui tremblent en secret ;
Je scelle les aveux qui brûlent sur ma bouche,
Et dresse entre nous deux l’invisible décret.
Je vois ton doux sourire éclore pour un autre,
Ou se perdre au lointain sans jamais me trouver ;
Ce destin douloureux est hélas bien le nôtre,
Toi de ne rien savoir, et moi de tout rêver.
Dans l’ombre de tes pas, je demeure en silence,
Gardien d’un feu sacré que je dois étouffer ;
J’accepte de ce sort la terrible sentence,
T’aimer sans espérance et ne rien triompher.
Sois heureuse pourtant, ignore ma souffrance,
Laisse-moi m’abreuver de ton regard distrait ;
Car j’ai fait de mon cœur, en sa morne errance,
Le tombeau magnifique où dort mon amour vrai.

