Je ne veux point d’un marbre à la peau trop lissée,
Ni de ces vains amours aux sourires constants ;
J’aime le désarroi de ton âme froissée,
Et la foudre qui gronde en tes sombres instants.
Ton cheveu le matin, en bataille sauvage,
M’est plus cher que l’or pur des coiffures de cour ;
Dans le pli de ton front, je lis le vrai visage
D’un cœur qui bat sans fard et se donne au grand jour.
Laisse donc traîner là tes objets, tes ouvrages,
Ce chaos familier qui dessine nos pas ;
La perfection n’est rien qu’un désert sans mirages,
Un ennui solennel où l’on ne s’aime pas.
C’est dans l’ombre et la faille, en ta voix qui se brise,
Que je puise le feu d’un amour authentique ;
Car ta sainte faiblesse est la seule que je prise,
Plus belle que l’azur d’un ciel trop magnifique.

