L’Enfant Stanton est un poème magnifiquement désespéré de Federico García Lorca, qui nous plonge dans les tourments d’un père face à la maladie. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème évoque l’innocence perdue et l’angoisse du parent face à la souffrance d’un enfant. García Lorca, figure centrale de la poésie espagnole, aborde des thèmes universels tels que la mort, la douleur et l’amour parental, faisant de cette œuvre un moment essentiel de la littérature.
Lorsque je reste seul
il me reste encore tes dix ans,
les trois chevaux aveugles,
tes quinze visages avec celui du coup de pierre
et les petites fiÃĻvres glacÃĐes sur les feuilles du maÃŊs.
Stanton, mon fils, Stanton.
A minuit le cancer sortait dans les couloirs
et parlait avec les escargots vides des piÃĻces dâidentitÃĐ,
le virulent cancer plein de nuages et de thermomÃĻtres
avec son chaste dÃĐsir dâÊtre une pomme que picorent les rossignols.
Dans la maison oÃđ il y a un cancer
se brisent les murs blancs contre le dÃĐlire de lâastronomie,
et au fond des plus petites ÃĐtables et dans les ronds-points des forÊts
brille de longues annÃĐes lâÃĐclair de la brÃŧlure.
Ma douleur saignait, les soirs
oÃđ tes yeux ÃĐtaient deux murs,
oÃđ tes mains ÃĐtaient deux pays
et mon corps une rumeur dâherbe.
Mon agonie cherchait son costume,
poussiÃĐreuse, mordue par les chiens,
et toi, tu lâas accompagnÃĐe sans trembler
jusquâà la porte de lâeau sombre.
à mon Stanton, stupide et beau parmi les petites bÊtes,
avec ta mÃĻre fracturÃĐe par les forgerons des villages,
avec un frÃĻre sous les arcs,
un autre mangÃĐ par les fourmiliÃĻres,
le cancer sans barbelÃĐs qui palpite à travers les chambres !
Il y a des nourrices qui donnent aux enfants
des ruisseaux de mousse et une amertume de pied
et des nÃĐgresses montent aux ÃĐtages pour distribuer un philtre de rat.
Parce quâil est vrai que les gens
veulent jeter les colombes aux ÃĐgouts
et je sais ce quâattendent ceux qui dans la rue
nous pressent brusquement le bout des doigts.
Ton ignorance est une montagne de lions, Stanton.
Le jour oÃđ le cancer tâa rouÃĐ de coups
et tâa crachÃĐ dessus dans la chambre oÃđ sont morts les hÃītes pendant lâÃĐpidÃĐmie
et oÃđ il a ouvert sa rose brisÃĐe de vitres sÃĻches et de mains molles
pour ÃĐclabousser de boue les pupilles de ceux qui naviguent,
tu as cherchÃĐ dans lâherbe mon agonie,
mon agonie aux fleurs de terreur,
tandis que lâaigre cancer muet qui veut coucher avec toi
pulvÃĐrisait de rouges paysages sur les draps de douleur
et mettait aux cercueils
de petits arbres glacÃĐs dâacide borique.
Stanton, va tâen au bois avec tes harpes juives,
vas-y pour y apprendre de cÃĐlestes paroles
qui dorment dans les arbres, les nuÃĐes, les tortues,
dans les chiens endormis, dans le plomb, dans le vent,
dans lâiris qui ne dort, dans lâeau qui ne copie,
pour apprendre, mon fils, ce que ton peuple oublie.
Lorsque recommencera le tumulte de la guerre
je laisserai un morceau de fromage pour ton chien à lâoffice.
Tes dix ans seront les feuilles
qui volent sur les habits des morts,
dix roses de soufre pÃĒle
sur lâÃĐpaule de mon petit matin.
Et moi, Stanton, moi tout seul, dans lâoubli,
avec tes visages fanÃĐs sur ma bouche,
je pÃĐnÃĐtrerai à grands cris les vertes statues de la Malaria.
Extrait de:
1991, Åuvres complÃĻtes I, (Gallimard)
il me reste encore tes dix ans,
les trois chevaux aveugles,
tes quinze visages avec celui du coup de pierre
et les petites fiÃĻvres glacÃĐes sur les feuilles du maÃŊs.
Stanton, mon fils, Stanton.
A minuit le cancer sortait dans les couloirs
et parlait avec les escargots vides des piÃĻces dâidentitÃĐ,
le virulent cancer plein de nuages et de thermomÃĻtres
avec son chaste dÃĐsir dâÊtre une pomme que picorent les rossignols.
Dans la maison oÃđ il y a un cancer
se brisent les murs blancs contre le dÃĐlire de lâastronomie,
et au fond des plus petites ÃĐtables et dans les ronds-points des forÊts
brille de longues annÃĐes lâÃĐclair de la brÃŧlure.
Ma douleur saignait, les soirs
oÃđ tes yeux ÃĐtaient deux murs,
oÃđ tes mains ÃĐtaient deux pays
et mon corps une rumeur dâherbe.
Mon agonie cherchait son costume,
poussiÃĐreuse, mordue par les chiens,
et toi, tu lâas accompagnÃĐe sans trembler
jusquâà la porte de lâeau sombre.
à mon Stanton, stupide et beau parmi les petites bÊtes,
avec ta mÃĻre fracturÃĐe par les forgerons des villages,
avec un frÃĻre sous les arcs,
un autre mangÃĐ par les fourmiliÃĻres,
le cancer sans barbelÃĐs qui palpite à travers les chambres !
Il y a des nourrices qui donnent aux enfants
des ruisseaux de mousse et une amertume de pied
et des nÃĐgresses montent aux ÃĐtages pour distribuer un philtre de rat.
Parce quâil est vrai que les gens
veulent jeter les colombes aux ÃĐgouts
et je sais ce quâattendent ceux qui dans la rue
nous pressent brusquement le bout des doigts.
Ton ignorance est une montagne de lions, Stanton.
Le jour oÃđ le cancer tâa rouÃĐ de coups
et tâa crachÃĐ dessus dans la chambre oÃđ sont morts les hÃītes pendant lâÃĐpidÃĐmie
et oÃđ il a ouvert sa rose brisÃĐe de vitres sÃĻches et de mains molles
pour ÃĐclabousser de boue les pupilles de ceux qui naviguent,
tu as cherchÃĐ dans lâherbe mon agonie,
mon agonie aux fleurs de terreur,
tandis que lâaigre cancer muet qui veut coucher avec toi
pulvÃĐrisait de rouges paysages sur les draps de douleur
et mettait aux cercueils
de petits arbres glacÃĐs dâacide borique.
Stanton, va tâen au bois avec tes harpes juives,
vas-y pour y apprendre de cÃĐlestes paroles
qui dorment dans les arbres, les nuÃĐes, les tortues,
dans les chiens endormis, dans le plomb, dans le vent,
dans lâiris qui ne dort, dans lâeau qui ne copie,
pour apprendre, mon fils, ce que ton peuple oublie.
Lorsque recommencera le tumulte de la guerre
je laisserai un morceau de fromage pour ton chien à lâoffice.
Tes dix ans seront les feuilles
qui volent sur les habits des morts,
dix roses de soufre pÃĒle
sur lâÃĐpaule de mon petit matin.
Et moi, Stanton, moi tout seul, dans lâoubli,
avec tes visages fanÃĐs sur ma bouche,
je pÃĐnÃĐtrerai à grands cris les vertes statues de la Malaria.
Extrait de:
1991, Åuvres complÃĻtes I, (Gallimard)
En réfléchissant à L’Enfant Stanton, nous sommes invités à considérer l’impact dévastateur de la maladie sur les familles. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres de García Lorca, dont la richesse émotionnelle continue d’inspirer et de toucher les lecteurs d’aujourd’hui.