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L’Enfui Tourne Court
René Daumal, poète du 20ᵉ siècle, nous offre dans ‘L’Enfui Tourne Court’ une plongée profonde au cœur de la condition humaine. Ce poème, riche en métaphores, évoque le tumulte intérieur et les luttes qui jalonnent notre existence. Au travers d’une écriture aussi lyrique que poignante, Daumal interroge notre identité, nos douleurs et notre quête de sens, faisant de cette œuvre une pièce maîtresse de la poésie contemporaine.
Le char de feu, il était vide lorsque je pus le voir, il était vide et ruisselant de lumières sans profondeur lorsque j’osai rouler avec lui et me rouler dans l’ornière creusée par le soc solaire de la boule lente et rouge d’or de gorge, et je roulais et de la gorge et de la nuque sur les feux vifs des roues, — Ah ! c’est moi que tu véhicules ! — je suis cloué aux cataclysmes, aux cataractes et aux déluges de feu dans les gorges des monts sourds et dans ma gorge la muette au seul cri d’ogre. Car sauvage renoué à la mèche du fouet fendant sec la peau brûlée je me tordais avec les brins d’étoupe et ma langue d’amadou, cloué, cloué et renoué aux feux et martelé chez les cyclopes — encore les mêmes jadis, encore les mêmes plus tard et, la ligne des temps bouclée, encore les mêmes sur les sept nœuds identiques du grand cinglant, le vent, la flamme, et les mêmes toujours le marteau et les tenailles et le pétrin et ce grand corps de charbon qui se relève et qui n’en finit pas de se relever, l’homme des houillères, tout de charbon luisant et cimenté d’élytres de la moelle à la peau, il se relève encore, toujours, et c’est moi-même sous la pince chauffée à blanc. Et le tumulte, le vieux vacarme forgé de foudres et tissé de pirouettes — pour le rire sec à postérité perpétuelle — il vient en cône sur mon front, il bout et se secoue en entonnoir, oui, cloué aux sept nœuds, empoigné à la gorge, au front, à la nuque, les roues du char, ce sont mes plaies, mes ancres, qui me retiennent par le vide (il y a longtemps que le sang ne vient plus) — «À jamais, à jamais, à jamais!» je crie mais cette parole à trop d’échos et ses trop faciles mensonges les voilà fauchés au pied : ici sans appui, plus bas sans appui, plus bas sans appui la chute, la chute plus bas plus bas plus d’appui sans appui la chute, c’est ce qu’on appelle toujours, et sans jamais d’appui toujours la chute ni haut ni bas et c’est immobile que se découvre l’œil, sous les paupières de suie, l’œil de houille profonde toujours.
Ce poème invite chacun à entrer en résonance avec ses propres combats intérieurs. En nous confrontant à la dure réalité de nos luttes personnelles, il nous encourage à explorer davantage les travaux de René Daumal et à partager nos impressions sur son œuvre significative.