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Les Almanachs
Les Almanachs, œuvre de l’écrivain et poète contemporain Hédi Kaddour, invite les lecteurs à plonger dans un univers poétique où le temps et la mémoire se côtoient. Ecrite au 21ᵉ siècle, cette création explore des thèmes profonds tels que les relations humaines, la beauté fugace et l’écho des souvenirs. La manière dont Kaddour utilise des images évocatrices donne à ce poème une profondeur émotionnelle qui résonne avec quiconque a déjà contemplé le passage du temps.
Tôt le matin résiste le silence, La table est mise de nouveau, et au fond Des vieilles assiettes d’Obernai Un cheval pastel et son cavalier rose Luttent contre l’imperceptible tournis Qui refait vaciller le regard des humains : Elle aimait crier Vive lesfemmesl Chaque fois qu’à la radio une ménagère Qui ne savait peut-être pas très bien Tirer sur les moineaux du jardin Abattait son mari; elle était si belle Que quand elle apparaissait Nous rangions en vitesse nos lettres d’amour Dans nos cartables et cherchions, À travers la magie des couloirs, les sons inouïs Les éclats d’or, la meule de paille Que disperseraient ses cuisses. Agressive Comme la plus belle des pensées, adorez, Disait-elle en riant, vos affolantes diagonales De parole à présence, moi, je ne m’agenouille Que pour l’accouplement. Puis elle disparaissait Derrière une grammaire grecque Et le fauteuil le plus accablé se mettait À croire à la libération des hanches. C’était avant que les bienfaits Ne soient comptés, et peut-être Aurait-elle fini par nous apprendre Par exemple ce qui se passe lorsque De la Cornouaille à l’Ukraine, En quelques jours, le safran des colzas Met le feu à tout l’espace Entre les coeurs et les maisons, Ce qu’il faut aux amants Pour qu’ils parviennent à trouver refuge Sur le fil d’une hache, ou pourquoi les mots Ne dansent jamais aussi fort Que quand nous hésitons entre silence Et méchanceté. Mais il aurait fallu Chercher en elle ce que nous n’étions pas, Elle allait trop vite pour nous laisser le temps De rapiécer nos intentions, et les almanachs N’ont besoin pour conclure que d’une volonté Lourde, celle qui aide le paysage à ordonner Les géraniums sur les fenêtres aveugles : combien De temps peut-on garder le sens tremblé De ce que fut le temps au creux du monde Après que la voiture a quitté la route Et qu’elle appartient aux guêpes, Au diable, aux armoiries du lac? Ombre Des pierres, leurs éclats argentés. Sous un vertige d’oiseaux entre les câbles À trois cent mille volts, la vie si vive Casse en un tour d’essieu la fleur, la peur, La peine et la matière. Bien après l’oubli, Tout ce qu’on a manqué se venge Dans un agacement qui ne sait même plus Ce qu’il est, et seuls quelques convives Abêtis par l’orgueil d’avoir souffert Se reconnaissent encore entre eux : d’anciennes Folies leur ont laissé les yeux en couilles de loup.
Les Almanachs nous poussent à réfléchir sur notre propre rapport au temps et à nos souvenirs. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Hédi Kaddour pour découvrir davantage son approche unique de l’écriture poétique.