Fréron
Est l’emblème du ridicule?
Si quelque maître
Aliboron,
Sans esprit comme sans scrupule,
Brave les mœurs et la raison ;
Si de
Zoïle et de
Chausson
Il se montre le digne émule,
Les enfants disent : «
C’est
Fréron. »
Sitôt qu’un libelle imbécile
Croqué par quelque polisson
Court dans les cafés de la ville, «Fi, dit-on, quel ennui! quel style!
C’est du
Fréron, c’est du
Fréron ! »
Si quelque pédant fanfaron
Vient étaler son ignorance,
S’il prend
Gillot pouf
Cicéton,
S’il vous ment avec impudence,
On lui dit : «Taisez-vous,
Fiéron. »
L’autre jour un gros ex-jésuite,
Dans le grenier d’une maison,
Rencontra fille ttès instruite
Avec un beau petit garçon.
Le bouc s’empara du giton.
On le découvre, il prend la fuite.
Tout le quartier à sa poursuite
Criait : «
Fréron,
Fréron,
Fréron. »
Lorsqu’au drame de monsieur
Hume
On bafouait certain fripon.
Le parterre, dont la coutume
Est d’avoir le nez assez bon,
Se disait tout haut : «Je ptésume
Qu’on a voulu peindre
Fréron. »
Cependanc, fier de son renom,
Certain maroufle se rengotge;
Dans son antre à loisir il forge
Des ttaits pour l’indignation.
Sur le papier il vous dégorge
De ses lettres le froid poison.
Sans songer qu’on serre la gorge
Aux gens du métier de
Fréron.
Pour notre petit embryon.
Délateur de profession,
Qui du mensonge est la trompette.
Déjà sa téputation
Dans le monde nous semble faite :
C’est le perroquet de
Ftéron.