FÊte des grÃĒces, des amours,
Que trois mois dâavance on apprÊte,
Et dont on sâoccupe trois jours.
Jâai vu la beautÃĐ sous les armes,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Doubler le pouvoir de ses charmes
Pour venir assiÃĐger les cÅurs.
Jâai vu la toilette nouvelle,
Et dâhonneur jâen suis enchantÃĐÂ :
Ces dames mettent tant de zÃĻle
à retracer lâantiquitÃĐ,
Quâon les verra, si cela dure,
Quittant lâhabit grec ou romain,
Reprendre la simple parure
De la mÃĻre du genre humain.
Jâai vu tour à tour dâautres belles,
Se livrant à des goÃŧts nouveaux,
Oser, amazones nouvelles,
Caracoler sur des chevauxâĶ
Comme tomber nâest pas descendre,
Belles, prenez garde aux faux pas :
Vous risquezâĶ Vous devez mâentendre ;
Et Boufflers a su vous apprendre
Ce quâil arrive en pareil cas.
Jâai vu la tournure grossiÃĻre
Des parvenus en chars brillants :
Ces messieurs se tiennent dedans,
De lâair dont on se tient derriÃĻre.
Jâai vu lâintrigant Dorival,
Qui faisait aujourdâhui figure,
Et demain vendra le cheval
Afin de payer la voiture.
Jâai vu campos ubi TrojaâĶ
Jâai vu les ruines cÃĐlÃĻbres
Du temple oÃđ jadis ce jour-lÃ
Les nonnettes chantaient tÃĐnÃĻbres
Avec les filles dâOpÃĐra.
Jâai vu la foule confondue
Revenir au dÃĐclin du jour,
Par la longue et sombre avenue
De ce bois plantÃĐ par lâamour,
OÃđ, dit-on, Ã lâhymen son frÃĻre
Le fripon joua plus dâun tour ;
Bois charmant oÃđ le doux mystÃĻre
Ãtablit avec lui sa cour.
Jâai vu lâamant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur.
Je les ai vus dâun Åil dâenvie,
Et me suis dit au fond du cÅur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rÊver !
Je ne voudrais mây retrouver
Quâafin de mây reperdre encore.
Extrait de:
ÃlÃĐgies