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Les Nuits Blanches
Dans ‘Les Nuits Blanches’, Julien Gracq nous plonge dans une atmosphère envoûtante et mélancolique. Évoquant des paysages de rêve entre la mer et la terre, ce poème fait écho aux complexités des sentiments humains au cœur d’une nuit sans limites. Parfaitement ancré dans une sensibilité moderne, il évoque le contraste entre la beauté du monde naturel et les sombres réflexions de l’âme.
Comme la figure de proue d’un vaisseau à trois ponts fourvoyé dans ce port de galères, au-dessus de la Méditerranée plate dont le blanc des vagues semble toujours fatigué d’un excès de sel se levait pour moi derrière une correcte, une impeccable rangée de verres à alcools, le visage de cette femme violente. Derrière, c’était les grands pins mélancoliques, de ceux dont l’orientation des branches ne laisse guère filtrer que les rayons horizontaux du soleil à cette heure du couchant où les routes sont belles, pures, livrées à la chanson des fontaines. On entendait dans le fond du port des marteaux sur les coques, infinis, inlassables comme une chanson de toile au-dessus d’un bâti naïf de tapisserie balayé de deux tresses blondes, circonvenu d’un lacis incessant de soucis domestiques, avec au milieu ces deux yeux doux, fatigués sous les boucles, la sœur même des fontaines intarissables. On ne se fatiguait pas de boire, un liquide clair comme une vitre, un alcool chantant et matinal. Mais c’était à la fin un alanguissement de bon aloi, et tout à coup comme si l’on avait dépassé l’heure permise, — surpris le port sous cette lumière défendue où descendent à l’improviste pour un coup de main les beaux pirates des nuits septentrionales, les lavandières bretonnes à la faveur d’un rideau de brumes — c’était tout à coup le murmure des peupliers et la morsure du froid humide — puis le claquement d’une portière et c’était la sortie des théâtres dans le Pétrograd des nuits blanches, un arroi de fourrures inimaginable, l’opacité laiteuse et dure de la Baltique — dans une aube salie de crachements rudes, prolongée des lustres irréels, la rue qui déverse une troïka sur les falaises du large, un morne infini de houles grises comme une fin du monde — c’était déjà l’heure d’aller aux Iles.
À travers ‘Les Nuits Blanches’, Gracq nous pousse à réfléchir sur la fragilité de nos émotions et la beauté éphémère de la vie. Nous vous invitons à explorer davantage ses œuvres pour découvrir cette richesse poétique qui continue d’inspirer.