Nous sommes deux regards que l’abîme sépare,
Deux astres condamnés à ne point s’approcher ;
L’espoir dans notre nuit brille comme un phare,
Sur un écueil mouvant qu’on ne peut toucher.
Comme le froid métal de deux rails parallèles,
Nous courons vers le temps sans jamais nous unir ;
Je sens battre ton cœur et frémir tes ailes,
Mais la loi du destin ne veut pas fléchir.
Il est, entre nos mains, une muraille immense,
Invisible et glacée, faite de diamants ;
Je bois dans tes yeux clairs toute ma souffrance,
Car l’adieu se mélange à nos vains serments.
Aimons-nous dans le deuil de cette aube interdite,
Puisque l’amour grandit de n’être point cueilli ;
Ton âme, hélas, me fuit, et la mienne s’agite,
Dans ce songe cruel où tout est aboli.

