À l’Aube où l’Orage se Lève
Ville en éveil, bruissement sourd d’une foule anxieuse,
Toits ruisselants, ruelles où l’écho s’égare,
La cité s’étire, haletante, sous un voile de brouillard.
Là, parmi le tumulte et les frissons menaçants,
Une âme se dresse, lourde de tourments,
Cœur meurtri, fardeau d’un départ sans retour,
Ses pas lourds glissent sur le pavé glacial du jour.
Elle marche en silence, silhouette fend l’air épais,
Vestige d’un adieu, morsure d’un lien brisé,
Chaque souffle s’agrippe aux remords de la nuit,
Ombre traquée par l’éclat cruel de l’oubli.
Ô toi, fugitive âme, que la douleur dévore,
Ton regard déchu cherche l’horizon, encore,
Mais les nuages lourds, chargés de l’orage à venir,
S’abattent sur l’instant, refusant tout avenir.
« Pourquoi faut-il que tout s’éloigne, ainsi ? » murmure-t-elle,
Voix tremblante, presque brisée, sous l’averse fidèle,
« Le temps efface-t-il les serments murmurés,
Ou l’absence est-elle le silence des âmes blessées ? »
À ses côtés, l’aube s’égrène en éclats tranchants,
Les lampadaires pleurent une lumière s’éteignant,
Des gouttes saupoudrent son front d’une froide vérité,
Reflets d’un chagrin qui jamais ne saurait s’oublier.
Le vent, complice cruel, emporte ses voiles déchirés,
Comme les promesses aux doigts de sable échappés,
Elle se souvient alors, des doigts entrelacés,
D’un souffle partagé, d’un avenir esquissé.
Mais le départ s’est levé, fatal compagnon,
Affranchissant l’absence en une funeste chanson,
La ville tout entière semble retenir son souffle,
Sous l’orage naissant, tout rêve s’essouffle.
Les rues jadis familières, berceau des jours heureux,
Sont maintenant des labyrinthes à l’écho des adieux,
Elle erre sans but, le cœur chargé de regrets,
Chaque pierre murmure ce que le temps tait.
« Adieu, murmure-t-elle à l’ombre qui s’efface,
Adieu, doux visage qui hante cette place,
Ton image est une blessure qui ne veut guérir,
Et dans ce froid matin, je ne peux que souffrir. »
L’averse grosse de larmes s’abat, enfin,
Sur ses épaules courbées, comme un glas lointain,
Elle disparaît dans le bruissement des feuilles tremblantes,
À l’aube orageuse, âme perdue et vacillante.
Ainsi s’achève le chant d’un être en exil,
Déchiré par l’éloignement, en proie au fragile,
La condition humaine déclinée en douleur sourde,
Sous l’ombre menaçante d’une aube qui inonde.
Et tandis que l’orage roule, lourd et implacable,
Dans la ville en éveil, au pas lent et accablé,
L’âme meurtrie se meurt dans un dernier soupir,
Adieu cruel, dont nul ne saura résoudre l’empire.