Quand la flamme des jours a quitté nos regards,
Et que l’or du matin s’est changé en argent,
Nous marchons, cœurs liés, loin des vains étendards,
Dans ce calme jardin où le temps est indulgent.
Vois ces rides, ma mie, comme un noble chemin,
Que nos pas ont tracé sous l’azur et la pluie ;
Je ne regrette rien de l’éclat du matin,
Car la paix du couchant vaut l’aurore enfuie.
Comme un chêne puissant aux racines profondes,
Notre amour s’est nourri des saisons et des vents ;
Il ignore la peur et les colères du monde,
Immobile et sacré, défiant les vivants.
Ce n’est plus le brasier qui dévore et qui tonne,
C’est l’âtre chaleureux qui rassure le soir ;
Et lorsque viendra l’heure où tout s’abandonne,
Dans tes yeux, mon amour, je veux encore me voir.

