Où pend et brille en perle un sel jaunâtre et dur,
Des veines d’un rocher, recouvert d’un vieux mut,
S’échappe à gros bouillons une onde sulfureuse,
Qui, tombant dans le marbre ou sur la pierre creuse,
Y dépose un limon doux, savonneux et pur.
Debout, dès l’aube matinale.
C’est là qu’un thermomètre en main,
Tout malade, en guêtre, en sandale,
En mule étroite, en brodequin,
Curé, juif, actrice, ou vestale,
Ou moine, ou gendarme, ou robin,
Court s’entonner^ d’eau minérale.
Et cuire à la chaleur du bain.
L’onde fume : on invoque ensemble
Ce pouvoir si caché qu’on révère en ces lieux.
La
Nymphe les entend ; et sur l’autel qui tremble,
Soudain, penchant son utne, elle s’offre à leurs yeux.
Sur ses pas marche l’Allégresse,
Fille et mère de la
Santé ;
L’Espoir trompeur à son côté
Sourit malignement, fuit et revient sans cesse.
Elle dissipe la tristesse,
Exerce, en l’amusant, la molle oisiveté ;
Rend un jour de printemps à la froide vieillesse,
Et son premier éclat au teint de la beauté.
La pâle et débile jeunesse
Lui doit un nouveau cœur et de nouveaux désirs ;
Enfin elle guérit les maux de toute espèce
Pat le seul charme des plaisirs.
Mais de ma douce rêverie
Quel bruit vient soudain m’arracher ?
Pour pleurer un moment ne peut-on se cacher?
De coteaux en coteaux mon nom résonne ; on crie :
Je me lève, et déjà tous les
Amouts, armés
De fers longs et pointus dans l’épine enfermés,
Sont descendus dans la prairie.
On court au village voisin
Manger la fraise montagneuse,
Du miel, du beurre, un doux raisin.
Et sur la ronce buissonneuse.
Chemin faisant, le fol essaim
Cueille ou détache sans dessein
Une mûre qui ceint la bouche.
Et qui sur le doigt qui la touche
Laisse l’empreinte du larcin.
On charge à peu de frais sa poche
Des plus riches productions ;
Et l’on fait des collections
De marbres, de cristal de roche.
De beaux cailloux dont rien n’approche,
De plantes et de papillons.