ce corps sous le plafond de soi
encore un traÃŪne fatigue
nous nâavons quâune goutte dâÊtre
rÃĐpandre ce reste serait comme
inonder la Chine avec une cuillÃĻre
mais mourir mais marcher mais manger
insuffisent pas dâà quoi bon pourtant
chercher dâabord lâÃĐcart propice puis
habiter un silence on peut
ainsi planter sans façon dans sa tÊte
un cri un clou une pensÃĐe en se disant
xâa serait autrement bien pire
quâest-ce qui est humain une histoire
une histoire de cÅur ne fait pas lâaffaire
idÃĐe action ce sont des loques
je nâest quâun effort de prÃĐsence à soi
et un outil fou
fut visage fut noir fut trace
un discours à des dÃĐcapitÃĐs
sous le vent de la grande bouche
lâusage tient lieu de courbure au corps
au corps comme à la terre
nous avons notre creux ailleurs
un petit froid la clÃĐ perdue dans lâhorizon
il vaut mieux plier sa mÃĐmoire
tout et rien quelle fumÃĐe
rire au ras des lettres fait de lâair
engranger un grain de sable en fait aussi
maison maison à quoi sert la tÊte
une ombre sâenlise dans les yeux
et la nuit remue
la patience un savon parfait pour les nerfs
en ce siÃĻcle clouÃĐ au prÃĐsent chacun
sÃĐparÃĐ chacun dans la grande banquise
parmi ÃĐclats tessons charpies tas tenaces
ailleurs pas dâailleurs pas de rage non plus.
Extrait de:
1998, Vers Henri Michaux, (Unes)