Dans son poème ‘L’huître’, Francis Ponge nous plonge dans un univers poétique riche où l’objet quotidien devient source de réflexion sur la nature et la sensualité. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème s’inscrit dans le mouvement du surréalisme en explorant les thèmes de la transformation et de l’intime. Ponge nous invite à redécouvrir la simplicité et la complexité de la vie à travers l’image de l’huître, un monde clos renfermant des trésors insoupçonnés.
L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on
peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent,
s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en-dessus s’affaissent sur les cieux
d’en-dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les
bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.
Ce poème de Francis Ponge nous rappelle que même les objets les plus ordinaires peuvent receler des merveilles. Invitez-vous à explorer davantage ses œuvres pour découvrir des réflexions poétiques qui transcendent le quotidien.