Je porte un lourd secret sous un masque de marbre,
Un brasier dévorant que nul ne doit savoir ;
Je suis tel qu’un captif enchaîné au vieil arbre,
Qui contemple l’azur sans jamais le revoir.
Tu marches près de moi, si douce et si lointaine,
Ignorant le tourment qui trouble ma raison ;
Je puise dans tes yeux le nectar et la peine,
D’aimer l’astre interdit à mon sombre horizon.
C’est un volcan muet sous la neige éternelle,
Une fleur qui se meurt de ne point éclater ;
Je tremble que ma voix, traîtresse sentinelle,
Ne laisse, en un soupir, mon âme te hanter.
Alors je me complais dans ce jardin de l’ombre,
Où je t’aime à jamais sans espoir de retour ;
Je garde ce trésor, ce joyau pur et sombre,
La tragique beauté de mon impossible amour.

