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Moi qui n’ai pas chanté

Le poème ‘Moi qui n’ai pas chanté’ de Sotiris Pastakas est une œuvre évocatrice qui plonge le lecteur dans une exploration des douleurs de la paternité et des souvenirs inachevés. Écrit dans un style contemporain, ce poème résonne avec la complexité des émotions humaines en lien avec la perte et la recherche d’identité. Pastakas utilise un langage riche en métaphores pour exprimer sa lutte interne, faisant de ce poème un reflet poignant d’une expérience vécue.
Moi qui n’ai pas chantÃĐ le rouge profond de la rose, qui n’ai pas chantÃĐ le sanglot qui a la profondeur d’un sourire le profil de trois-quart, le coin cachÃĐ dans mon esprit, les taches rouges sur le drap de la mer quand un vent bref soulÃĻve une à une les rides de mon cerveau une à une mes propres pertes – rideau qui rougit juste avant de prendre feu. La lumiÃĻre visible. Les sens, cinq. Les cent-cinq habitants d’Iraklia. Les onze mÃĻtres de la coque. Les biÃĻres non comptÃĐes. Les campari comptÃĐs dans leurs reflets. Une valise, un chapeau et un divorce. Encore un campari, s’il vous plait. Un divorce et des milliers de parapluies. Portez-moi d’autres campari. Je veux voir croÃŪtre ma part de martyre autant que croÃŪt votre plaisir ordonnÃĐ. Donnez-moi une grosse orange rouge. Ne chante plus, tu as chantÃĐ autant qu’il t’a ÃĐtÃĐ donnÃĐ. Chante les enfants qui chantent encore à dix heures du soir, on entend seulement leur voix dans la cour de l’ÃĐglise, dans la Semaine Sainte et encore au-delà des hurlements de chiens errants. Ils n’ont pas encore fini de jouer, moi si j’ai fini, mais pourquoi eux ne jouent-ils pas avec moi. Un à un j’appelle les enfants par leur prÃĐnom, IlÃŽas, AlÃĐxis, KostÃŽ, Éghli et pas un seul qui rÃĐponde à ce cri. Noms sans rÃĐponse de quelqu’un qui n’est pas devenu pÃĻre. Je n’ai pas chantÃĐ la paternitÃĐ feu d’artifice qui ne fait pas exploser le contenu de mes couilles la nuit, je suis un ratÃĐ quelqu’un sans munitions nuit sans feu de bengale, feu d’artifice qui n’a pas explosÃĐ, qui n’a pas enflammÃĐ l’obscuritÃĐ, simple lanterne rouge. Je n’ai pas chantÃĐ le guide je n’ai guidÃĐ personne en aucun lieu: psychiatre ratÃĐ alcoolique, j’ai seulement suivi les ÃĐtincelles de feu qu’ÃĐmettaient par les yeux amies et amis – obligation suprÊme, mÊme si je ne l’ai pas chantÃĐe, la vie, de la respecter de la suivre, de la dÃĐpasser, de la laisser courir derriÃĻre moi, de la laisser courir devant moi. Elle n’a pas de lanternes la vie elles tombent dans le plus profond abime ceux qui en suivent les pas. Je n’ai pas chantÃĐ les feux, de la lanterne au phare j’ai changÃĐ mes lumiÃĻres et mÊme ainsi je ne vois pas mes amis je ne vois personne: anorexie, alcool, et insomnie. Je vois seulement des cauchemars devant moi: je prÃĐvois et je ne voudrais pas ce don, j’ai eu peur et j’ai essayÃĐ de l’ÃĐtouffer, je devine chacune de mes futures pertes personnelles, aucune marche en arriÃĻre dans la vie. Il ne m’a pas ÃĐtÃĐ donnÃĐ de chanter la peur, ni la sortie de la crise, je n’ai jamais ÃĐcrit qu’il ÃĐtait rouge ce bref vent qui sculptait les rides sur le drap de la mer. Je n’ai jamais dit qu’elle ÃĐtait rouge ma bouche insatiable quand elle se posait sur sa bouche rouge. Je n’ai pas dit qu’elles ÃĐtaient rouges les mains qui enlaçaient son corps – je ne les ai jamais chantÃĐes. Je n’ai jamais chantÃĐ ses mains rouges, ses lÃĻvres rouges, les menstruations qui lui coulaient de la chatte, les stop qui s’allumaient ici et là sur son corps , je n’ai pas chantÃĐ son herpÃĻs puerpÃĐral. Je n’ai jamais chantÃĐ les interdits. Seulement ceux que j’ai encaissÃĐs. J’ai chantÃĐ mon sanglot qui avait la profondeur d’un sourire. J’ai chantÃĐ la joie inattendue qui cache profondÃĐment en elle une couleur rouge et sauvage, le sang que j’ai crachÃĐ le plus loin possible pour voir d’oÃđ souffle le vent pour dÃĐfinir la direction ma prochaine destination. Je n’ai pas ÃĐcrit sur la joie. À la fin, on ne m’a pas donnÃĐ le rouge profond de la rose parce que je voulais devenir rose et je ne vous l’ai pas confessÃĐ, j’ai seulement colorer de rouge les oeufs pour me foutre de vous. J’ÃĐmettais des cris rouges. Je buvais des flammes rouges. Je m’habillais de l’habit rouge du clown pour m’amuser, pour enflammer ma vie blafarde, RH incertain comme mon groupe: zÃĐro avec un signe nÃĐgatif. Lignes blanches, lignes rouges à la fin, pas mÊme mon sang vous ne pourrez m’offrir en cas de besoin, sachez que je serai expÃĐditif pour vous souhaiter bonne nuit. Les enfants n’ont pas fini encore de jouer, nuit rouge d’avril qu’il finisse ici, pour moi le poÃĻme.
À travers ‘Moi qui n’ai pas chanté’, Sotiris Pastakas nous invite à réfléchir sur notre propre relation avec la paternité et le poids des souvenirs non partagés. N’hésitez pas à explorer davantage ses œuvres pour découvrir d’autres facettes de son écriture puissante et introspective.

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