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Mont-Blanc

Le poème ‘Mont-Blanc’ de Percy Bysshe Shelley, écrit au début du 19ème siècle, est une exploration profonde et lyrique de la majesté naturelle et de la condition humaine. À travers ses vers évocateurs, Shelley exprime une admiration sans bornes pour le paysage alpin, tout en interrogeant les pensées profondes que cet environnement suscite. C’est l’un des poèmes emblématiques du mouvement romantique, qui nous invite à réfléchir sur notre place dans l’univers et sur l’impact éternel de la nature sur notre esprit.

I

L’univers éternel des choses
Coule dans l’esprit et fait rouler ses flots rapides,
Tantôt sombres, tantôt scintillants, tantôt réfléchissant l’obscurité,
Tantôt ornant de splendeur, là où depuis des sources secrètes
L’origine de la pensée humaine apporte son tribut
D’eau ; avec un bruit qui ne lui appartient qu’à moitié,
Comme celui qu’un faible ruisseau produit souvent
Dans les bois sauvages, seul parmi les montagnes,
Où les chutes d’eau s’élancent autour de lui pour toujours,
Où bois et vents s’affrontent, et une vaste rivière
Sur ses rochers déferle et erre sans cesse4.

II.

Ainsi toi, ravin de l’Arve – sombre, profond ravin –,
Toi vallée aux maintes couleurs, aux maintes voix,
Par-dessus les pins, et les rocs, et les cavernes de laquelle passent,
Rapides, des ombres nuageuses et des rayons de soleils : scène terrible,
Où le Pouvoir sous la forme de l’Arve descend
Des gouffres de glace qui ceignent son trône secret,
Déferlant brusquement à travers ces montagnes sombres comme la flamme
De l’éclair traverse la tempête ; tu es là,
Ta couvée géante de pins accrochée à toi,
Enfants de temps anciens, parmi lesquels, en amis fidèles,
Les vents sans entraves viennent toujours et depuis toujours
Boire leur parfum, et entendre leur puissant
Balancement – vieille et solennelle harmonie ;
Tes arcs-en-ciel terrestres qui se déploient par-dessus
La cascade éthérée, dont le voile
Revêt quelque image grossière6 ; l’étrange sommeil
Qui, quand défaillent les voix du désert,
Enveloppe tout de sa propre éternité profonde ;
Tes cavernes, qui font écho au tumulte de l’Arve,
Un son unique, puissant, qu’aucun autre son ne peut dompter ;
Tu es traversé de ce mouvement incessant,
Tu es le chemin de ce son qui jamais ne s’arrête :
Vertigineux Ravin ! et quand je te contemple,
Il me semble, comme dans une transe sublime et étrange,
Méditer sur ma propre imagination comme distincte de moi-même,
La mienne, mon esprit humain, qui passivement
Maintenant donne et reçoit des influences rapides,
Dans un échange incessant
Avec le clair univers des choses alentour ;
Une légion de sauvages pensées, dont les ailes vagabondes
Tantôt flottent par-dessus ton obscurité, et tantôt reposent
Là où ni elle ni toi n’êtes indésirables,
Dans la caverne silencieuse de la sorcière Poésie,
Cherchant parmi les ombres qui passent,
Spectres de tout ce qui est, une ombre de toi,
Un fantôme, une pâle image ; jusqu’à ce que le sein
D’où elles sortirent les rappelle, tu es là !

III.
Certains disent que des lueurs venues d’un monde plus lointain
Visitent l’âme endormie ; que la mort est sommeil,
Et que ses formes dépassent en nombre les pensées affairées
De ceux qui vivent et veillent. Je regarde vers les hauteurs :
Une toute-puissance inconnue a-t-elle déployé
Le voile de la vie et de la mort ? Ou bien suis-je en train
De rêver, et le monde plus puissant du sommeil
Étend-il au loin, inaccessibles,
Ses cercles ? Car l’esprit même défaille,
Poussé comme un nuage errant d’un précipice à un autre,
Pour disparaître dans les vents invisibles !
Loin, loin là-haut, perçant le ciel infini,
Le Mont Blanc apparaît – silencieux, enneigé et serein ;
Ses féales montagnes entassent autour de lui
Leurs formes surnaturelles de glace et de roc ; entre elles, de larges vallées,
Aux flots gelés, aux profondeurs insondables,
Bleues comme le ciel qui les surmonte, qui s’étendent
Et serpentent parmi les amas escarpés ;
Désert peuplé par les seules tempêtes,
Sauf quand un aigle y emporte un os de chasseur,
Et que le loup le poursuit jusque-là – comme sont hideuses
Les formes qui s’entassent tout autour ! Grossières, nues, et hautes,
Horribles, et balafrées, et déchirées. Est-ce là la scène
Où l’ancienne Furie qui ébranlait la terre apprit à ses petits
La Ruine ? Sont-ce là leurs jouets ? Ou bien une mer
De feu enveloppa-t-elle autrefois cette neige silencieuse ?
Nul ne peut répondre ; tout semble éternel à présent.
Ces régions sauvages ont une langue mystérieuse
Qui enseigne un doute effrayant, ou une foi si douce,
Si solennelle, si sereine, que l’homme pourrait,
Sans cette foi8, se réconcilier avec la nature ;
Tu possèdes une voix, grande Montagne, qui abroge
Bien des lois de mensonge et de souffrance ; que tous
Ne comprennent pas, mais que les sages, les grands, et les bons
Interprètent, ou font sentir, ou ressentent profondément.

IV.

Les champs, les lacs, les forêts et les ruisseaux,
L’océan, et toutes les choses vivantes qui demeurent
Dans les créations complexes de la terre ; la foudre, et la pluie,
Le tremblement de terre, et le flot tumultueux, et l’ouragan,
La torpeur de l’année quand de légers rêves
Visitent les bourgeons cachés, ou qu’un sommeil sans rêve
Retient toutes les feuilles et les fleurs à venir ; l’élan
Avec lequel elles se dégagent de cette transe haïe,
Les actions et les façons de l’homme, leur mort et leur naissance,
Et les siennes, et celles de tout ce qui est à lui ;
Toutes les choses qui bougent et respirent avec peine et bruit
Naissent et meurent ; tournent, reposent et enflent.
Le pouvoir demeure à l’écart, dans une tranquillité
Distante, sereine et inaccessible :
Et cela, le visage nu de la terre,
Que je contemple, ces montagnes primitives mêmes
L’enseignent à qui leur prête attention. Les glaciers rampent
Comme des serpents qui guettent leur proie, depuis leurs sources lointaines,
Dans une lente progression ; là, bien des précipices,
Le Gel et le Soleil, narguant le pouvoir mortel,
Ont empilé : dôme, pyramide, et pic,
Cité de mort, ornée de nombreuses tours
Et murailles imprenables de glace éclatante.
Pourtant ce n’est pas là une ville, mais un flot de ruine
Qui depuis les limites du ciel
Fait rouler son cours éternel ; d’immenses pins jonchent
Son chemin inéluctable, ou dans le sol mutilé,
Se dressent, sans branches, détruits9 ; les rochers, descendus
Des mornes hauteurs lointaines, ont abattu
Les frontières du monde des vivants et des morts,
Qui jamais ne seront rétablies. Les demeures
Des insectes, des bêtes et des oiseaux sont anéanties ;
Leur nourriture, leur asile disparus pour toujours,
Tant de vie et de joie perdues. La race
Humaine, elle, fuit au loin, apeurée ; ses œuvres, ses demeures
Disparaissent, comme de la fumée devant le cours de la tempête,
Et on ne sait plus où elles sont. Dessous, de vastes cavernes
Brillent dans l’éclat incessant des torrents impétueux,
Qui de ces gouffres secrets jaillissant, tumultueux,
Se rejoignent dans la vallée, et un Fleuve majestueux,
Air et sang de pays lointains, pour toujours
Fait rouler ses eaux bruyantes jusqu’aux vagues marines,
Expire vivement ses brumes dans l’air qui l’entoure.

V.

Le Mont Blanc toujours brille dans les hauteurs ; là est le pouvoir,
Le pouvoir silencieux et solennel de bien des visions,
Et de bien des bruits, et d’une grande partie de la vie et de la mort.
Dans la calme obscurité des nuits sans lune,
Dans l’éclat aveuglant et solitaire du jour, les neiges descendent
Sur cette Montagne ; nul ne peut les y contempler,
Ni quand les flocons brûlent dans le soleil couchant,
Ni quand les rayons des étoiles les transpercent ; les vents luttent
En silence ici, et amassent la neige d’un souffle
Rapide et puissant, mais en silence !
La foudre inaudible dans ces lieux solitaires
Réside innocemment, et comme une vapeur, médite
Sur la neige. La force secrète des choses
Qui gouverne la pensée, et qui au dôme infini
Des cieux est comme une loi, t’habite !
Et que serais-tu, que seraient la terre, les étoiles, la mer,
Si dans les pensées de l’esprit humain,
Le silence et la solitude représentaient le vide ?

En conclusion, ‘Mont-Blanc’ nous amène à contempler les liens entre la nature et notre propre existence. Nous vous encourageons à partager vos pensées sur ce poème magnifique et à explorer davantage les œuvres de Percy Bysshe Shelley, un pilier de la poésie romantique.

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