Le poème ‘Paix’ de Salah Stétié est une œuvre marquante qui invite à la réflexion sur les paradoxes de la paix et de la haine. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème soulève des questions sur notre humanité et notre capacité à vivre ensemble dans un monde où la violence semble omniprésente. À travers des images puissantes et des métaphores évocatrices, Stétié oppose les doux souvenirs d’enfance à la dure réalité de la guerre.
La paix, je la demande à ceux qui peuvent la donner Comme si elle ÃĐtait leur propriÃĐtÃĐ, leur chose Elle qui nâest pas colombe, qui nâest pas tourterelle à nous ravir, Mais simple objet du cÅur rÃĐgulier, Mots partagÃĐs et partageables entre les hommes Pour dire la faim, la soif, le pain, la poÃĐsie La pluie dans le regard de ceux qui sâaiment La haine. La haine. Ceux qui sont les maÃŪtres de la paix sont aussi les maÃŪtres de la haine Petits seigneurs, grands seigneurs, grandes haines toujours. Lâacier est là qui est le mÃĐtal gris-bleu Lâacier dont on fait mieux que ces compotes Quâon mange au petit dÃĐjeuner Avec du beurre et des croissants Les maÃŪtres de la guerre et de la paix Habitent au-dessus des nuages dans des himalayas, des tours bancaires Quelquefois ils nous voient, mais le plus souvent câest leur haine qui regarde : Elle a les lunettes noires que lâon sait Que veulent-ils ? Laisser leur nom dans lâhistoire à cÃītÃĐ des Alexandre, des Cyrus, des NapolÃĐon, Hitler ne leur est pas ÃĐtranger quoi quâils en disent : AprÃĻs tout, les hommes câest fait pour mourir Ou, à dÃĐfaut, pour quâon les tue Eux, à leur façon, qui est la bonne, sont les serviteurs dâun ordre Le dÃĐsordre, câest lâaffaire des chiens â les hommes, câest civilisÃĐ Alors à coups de bottes, à coups de canons et de bombes, Remettons lâordre partout oÃđ la vie A failli, à coups de marguerites, le dÃĐtraquer à coups de marguerites et de doigts enlacÃĐs, de saveur de lumiÃĻre, Ce long silence qui sâinstalle sur les choses, sur chaque objet, sur la peau heureuse des lÃĻvres, Quand tout semble couler de source comme riviÃĻre Dans un monde qui nâest pas bloquÃĐ, qui est mÊme un peu ivre, qui va et vient, et qui respireâĶ à mondeâĶ Avec la beautÃĐ de tes mers, Tes latitudes, tes longitudes, tes continents Tes hommes noirs, tes hommes blancs, tes hommes rouges, tes hommes jaunes, tes hommes bleus Et la splendeur vivace de tes femmes pleines dâyeux et de seins, dâombres dÃĐlicieuses et de jambes à monde, avec tant de neige à tes sommets et tant de fruits dans tes vallÃĐes et dans tes plaines Tant de blÃĐ, tant de riz prÃĐcieux, si seulement on voulait laisser faire GaÃŊa la gÃĐnÃĐreuse Tant dâenfants, tant dâenfants et, pour des millions dâentre eux, tant de mouches à monde, si tu voulais seulement ÃĐpouiller le crÃĒne chauve de ces pouilleux, ces dÃĐpouilleurs Et leur glisser à lâoreille, comme dictÃĐe de libellule, un peu de ta si vieille sagesse La paix, je la demande à tous ceux qui peuvent la donner Ils ne sont pas nombreux aprÃĻs tout, les hommes violents et froids MalgrÃĐ les apparences, peut-Être mÊme ont-ils encore des souvenirs dâenfance, une mÃĻre aimÃĐe, un trÃĻs vieux disque quâils ont ÃĐcoutÃĐ jadis longtemps, longtemps Oh, que tous ces moments de mÃĐmoire viennent à eux avec un bouquet de violettes ! Ils se rappelleront alors les matinÃĐes de la rosÃĐe Lâodeur de lâeau et les fumÃĐes de lâaube sur la lune.
Ce poème nous pousse à réfléchir sur notre rôle dans la quête de paix. En explorant davantage les œuvres de Salah Stétié, vous découvrirez d’autres réflexions profondes sur notre condition humaine et notre combat pour l’harmonie.