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Par Elle Se Blesse
Le poème ‘Par Elle Se Blesse’ de Julia Lepère nous plonge dans un univers complexe où la transformation personnelle se mêle à l’exploration des relations amoureuses. Écrit en 2022 et publié aux éditions Flammarion, ce texte résonne avec une profondeur émotionnelle unique, offrant une réflexion sur le désir, la douleur et l’identité. Le langage riche et évocateur de Lepère entraîne le lecteur dans une expérience sensorielle captivante.
Ici l’eau s’évapore il ne reste que sel, luxure Et visages mués en Cascades, un temps. S’effritent Nous regardons la rivière me regarde j’essaie de faire tenir mon corps à être nymphe, un temps Dans le remous tout se durcit Mère Faites que les nuages éclatent dans le rayon d’une île que le bâton dérive jusqu’aux terres immobiles Mots blancs que j’efface aussitôt rive souffle et aube son brame écrire je suis déjà trop fort à L. Je sors *** Dans la ville grise Aux supermarchés cafés cinémas on montre nos papiers nos corps sains nos âmes sont en sourdine, sous nos dents craquent des os et l’imagination dénude les jambes des filles rieuses devant les lampadaires j’en suis une que la poudre éclaire, il vient je le laisse faire, un verre se casse des perles tombent dans les égouts c’était Une faim de loup Je pense À T. Tzara les cloches sonnent sans raison et nous aussi D’autres s’affairent Plus haut on devine les villas avec vue sur la mer Plus bas, un chalet veille. Nous sommes entre les deux, on ne voit pas Se refléter notre image enfantine, aux couleurs gonflées. Et puis nos yeux font mal à cause de la lumière mais de nouveau le soir tombe et nous aussi, de nouveau des cheveux coulent, des châteaux noirs enferment des étoiles Et nous aussi Ne sommes qu’en-dedans éclairés Comme l’une file elle traverse un instant Ce noyé *** Au retour Arbres coupés Quelqu’un me dit qu’ils empêchaient le soleil d’aller Derrière la terre depuis nos yeux J’acquiesce Ainsi le parquet de chêne Peut rougeoyer dans des appartements au haut plafond, j’ai toujours Cette douleur au poumon c’est quand je me rappelle Ceux restants ne trouent pas les trottoirs, ils ont des feuilles Rares J’ai oublié son visage Il était je crois gris *** Je tisse ma peau j’écarte L’image amaigrie Je fais la mise au point et puis le flou Comme ce matin sur la plage Je laissais passer tous les rayons Et si je me couchais en attendant ton corps *** En cette saison je me confonds Avec le granit noir Je suis un volet entrouvert, une rayure de bête où tu t’engouffres Je te prends sans attendre. Nous roulons dans ce paysage interminable je me fais lisse tu me dis sage j’essaie d’être sauvage violente comme elle que j’imagine sèche et sexuelle je me transforme encore à l’aide du vent dans mes cheveux de lunettes de soleil d’un grand chapeau sous et sur mes paupières des barbelés du noir cendré je pourrais me percer nous fuyons à présent Ta voix me pèse, te perds à l’intérieur d’un lieu sans air et nous descendons encore, plus bas tes battements lents mon amour, ta tête tombée mon ange, derviche tourneur mon cœur que faut-il faire tu récites des prières me rendant Archaïque au bord de cette route Broyeuse de coquelicots forçant ta bouche à boire à même mes veines Le poison lent, alors Tous les arbres du jardin épouseront ta forme, dans le parc les statues pleureront de ta mort imminente les allées feront pour toi renaître les lucioles infantes Du temps d’avant l’avidité J’ai brûlé les montagnes qui m’ont pris mon amour Mis à feu et à sang les routes par lesquelles il a fui j’ai tué le désir dans sa montée Je me suis rendue à la mer Dans un palais de filaments, de tentacules de nerveux coquillages De toutes formes indociles A peindre des cils que j’ai cru voir au fond du sable Ils creusent le monde en terrier mon cœur S’éteint lentement c’est ainsi que je veux mourir, toi en moi Dans l’illusion de ton regard. Extrait de: 2022, Julia Lepère, Par elle se blesse, Flammarion
Ce poème invite à une introspection sur les complexités de l’amour et de l’identité. N’hésitez pas à explorer les autres œuvres de Julia Lepère pour découvrir davantage de sa vision poétique.