Par la saulée apâlie,
Au bord des viviers, sous l’aurore rose,
Au long des étangs où le roseau plie,
Au son d’une chanson trillée,
Jusqu’à la plaine ensoleillée !
Au cours de la rivière lente
Des herbes traînent vertes ou rousses,
Oscillantes sans secousses.
Au cours de la rivière lente
Des herbes traînent au long des mousses.
Nul bruit qu’un roulement lointain de chariot,
Nulle crainte que d’un rêve interrompu ;
Et nul regret de ce que l’on n’a pu
—
Un roulement lointain de chariot —
L’azur jusque là-bas où sont les peupliers
Rigides et légers au long du vieux canal
—
Ah ! que ce paysage a d’êtres familiers ;
Que tout y est doux et banal.
L’herbe est plus haute, ainsi, pour ma tête penchée,
Que les collines bleuissantes de là-bas ;
Et tout, par la vie, est de même, n’est-ce pas,
Folle âme à ton ombre attachée,
O toi qui te suis pas à pas,
Sur toi-même penchée,
La vie est telle, n’est-ce pas ?