Le Mirage de l’Absolu
Un voyageur perdu, drapé de solitude,
Franchit l’océan sec où nul vent n’a de yeux,
Cherchant l’énigme obscure qui consume l’étude.
Ses pas, lourds de mystère et de silences froids,
Creusent le sable ardent, chroniqueur implacable,
Tandis qu’en lui murmure une voix sans emploi :
« La vérité se voile aux regards du vulgaire. »
Le soleil, assassin aux couteaux de lumière,
Déchire son manteau, brûle ses mains fiévreuses ;
Les mirages, menteurs aux lèvres de lumières,
Lui tendent des palais d’ombres vertigineuses.
Mais l’homme, obstiné spectre épris de l’inconnu,
Repousse leurs douceurs aux parfums de néant,
Et marche, infatigable, en ce monde tordu
Où chaque dune cache un piège étincelant.
Une nuit, sous les pleurs d’un croissant de lune pâle,
Un fantôme lui parle, vêtu d’éternité :
« Pourquoi braver l’oubli, les morsures du sable,
Quand la vérité n’est qu’un reflet déformé ? »
Le voyageur, les yeux noyés d’éclats stellaires,
Répond d’une voix sourde où tremble l’infini :
« Je préfère le doute aux certitudes claires,
Et l’âpre soif du vrai au mensonge banni. »
Les jours, tels des serpents, glissent dans l’étendue,
Son corps n’est plus qu’un souffle, une ombre qui chancelle ;
La vérité promise, toujours entrevue,
Fuit comme l’horizon dont la ligne recèle.
Un matin, il s’effondre, épuisé de combattre,
Et le désert cruel, d’un rire sans écho,
Lui murmure : « Ton rêve est né pour s’abattre…
La vérité n’est rien. Le chemin était trop beau. »
Ses doigts tracent un mot dans la cendre éphémère :
« J’ai cru voir l’Absolu… Il n’était que mirage. »
Le vent, fossoyeur prompt, efface cette pierre,
Et disperse à jamais son ultime message.
Le désert reste roi, vaste et indifférent,
Gardien des secrets que nul ne peut soustraire ;
Et le voyageur dort, poussière transparente,
Ayant trouvé, trop tard, que la vérité… c’est taire.