L’écho des Rues Déchues
Dans la ville en ruines, sous un ciel désolé,
Le vent chante en échos l’âme d’un destin brisé.
Les pierres, témoins lourds des forts amours d’antan,
Murmurent en silence le sort d’un temps dormant.
Les murs, jadis orgueilleux, sont en deuil présent,
Portant l’empreinte amère d’un secret tourment.
Là, sur des voies vides, s’avance un pas solitaire,
Voyageur errant, prisonnier d’un triste mystère.
Sa silhouette s’efface entre ombre et lumière,
Conte d’une vie vécue en une errance austère.
Dans ses yeux se lit, profond, un chant de nostalgie,
Écho d’un amour caché, source de mélancolie.
Ô ville aux ruines vaines, aux reflets de désespoir,
Tu gardes en tes décombres le souvenir d’un espoir.
Le voyageur, coupeur d’ombre, arpente les vestiges
D’un temps désormais englouti sous l’amertume des rigues.
Chaque pierre, singulière, lui rappelle un doux aveu,
Un secret bouleversant, si fragile et malheureux.
Son cœur, en proie au silence, se berce d’un murmure
Que jamais l’amour sincère ne trouve sa parure.
Ainsi se tisse en lui un voile de solitudes,
Où le rêve s’efface, vain et rempli d’inquiétudes.
Ses pas résonnent seuls, dans l’écho des ruines gelées,
Portant l’odeur des regrets en notes étouffées.
Le souvenir d’un regard, timide et mal avoué,
S’allume dans son esprit comme une flamme éphémère,
Une passion voilée que la peur a fait taire,
Emprisonnée par l’ombre d’un destin condamné.
Il se souvient en silence de mots jamais prononcés,
Des serments, silencieux, d’un amour effacé.
Dans l’alcôve d’un soir, sous l’arc d’un vieux portail,
Il aperçut, furtivement, l’éclat d’un regard loyal.
Mais l’incertitude, cruel, l’emporta sur le verbe,
Et ce doux espoir naissant, hélas, en lui se perd.
L’amour, dissimulé, en son âme s’est réfugié,
Comme une rose en hiver, destinée à faner.
Il parcourt, amidonné de larmes amères et pures,
Ces rues en perpétuel murmure d’une douleur obscure,
Où chaque pavé usé semble pleurer d’autrefois
Les échos d’un bonheur muet, aux reflets insaisissables et froids.
Son pas sur le gravier résonne tel un vieux requiem,
Mélodie funèbre où se mêle son rêve d’antan suprême.
Les ombres racontent en silence une douloureuse chanson,
Celle d’un amour interdit, d’un adieu sans rémission.
Ainsi, sous le voile nocturne, se dresse son destin,
Errant parmi les ruines, prisonnier d’un chemin.
De la solitude enfiévrée, sur les traces de ses regrets,
Il cherche la lueur d’un amour qui jamais ne renaît.
Sous la pâleur de la lune, il s’arrête, l’âme en suspens,
Son regard se perd dans l’abîme des temps déclinants.
Les vestiges du passé, en fragments de vérité,
Révèlent à son cœur meurtri l’amertume d’une liberté.
Dans le silence oppressant d’un soir enflammé,
Il entend la voix feutrée d’un amour jamais formulé.
« Ô toi, miroir de l’âme, aux reflets de la solitude,
Ne vois-tu point en moi ce rêve d’une tendre amplitude ? »
Mais la ville des ruines, froide, sans joie ni rémission,
Lui renvoie son écho, écho de sa perdition.
Ainsi, le voyageur se noie dans ses pensées en vain,
Condamné à l’errance, subissant ses maux si anciens.
Au détour d’un corridor de pierres effritées, luisant,
Où la poussière des ans se mêle au souffle du temps,
Il découvre en un recoin, tracé à même la roche,
Un poème, fragile, par un autre cœur que l’on approche.
Les mots, empreints d’un amour secret et inavoué,
Évoquent une tendresse que nul ne sut conjurer.
« Ah ! » murmure le voyageur, l’âme douloureuse et brisée,
« Que fut ce doux dessein que nul n’a pu embraser ! »
Les lettres, empreintes de douleur et d’un rêve chaste,
Sont l’héritage d’un amour, d’une passion qui se lasse.
Telles des roses fanées, en la nuit égarées par le vent,
Ces vers crient la tristesse d’un amour excessivement étouffant.
La ville, en son déclin, pleure encore ses jours évanouis,
Et le voyageur, ami des ombres, en son âme se suit.
Son errance se mue en quête d’un possible salut,
Mais la solitude pèse, cruel fléau jamais vaincu.
Il se rappelle avec douleur ces instants d’espérance
Où, dans le secret d’un regard, naissait la délivrance.
« Ô destin, cruelle valse, rends à mon âme le plaisir
D’un amour qui jamais ne fut, d’un désir à conquérir ! »
Mais le silence répond, implacable, à son supplique –
Le murmure des ruines, où s’abandonne son antique musique.
Ainsi, sous l’étreinte glaciale de l’inéluctable sort,
Son cœur chavire en secret, vers un destin mort.
Le vent d’automne, dansant parmi les vestiges lourds,
Emporte en son sillage les dernières lueurs d’amour.
Le voyageur, las, entend la plainte d’un chagrin
Qui se répand sur les pierres comme l’encre d’un destin.
Son âme, en vain quête d’une chaleur révolue,
S’abandonne aux regrets d’une vie d’amour méconnue.
Il murmure à l’obscurité d’un adieu silencieux :
« Ô ville funeste, tu détiens le secret des cœurs miséreux ! »
Ses mots s’envolent, fragiles échos, vers l’horizon lointain,
Témoignant d’un amour timide, d’un espoir trop incertain.
La solitude, impitoyable, se fait gardienne de ses pleurs,
Tissant en son âme un éternel voile de douleur.
Dans l’ultime clarté d’un aurore faiblissante et grise,
Le voyageur s’avance, vers le point où tout s’enlise.
Les ruines, en funèbre symphonie, résonnent son destin,
Et lui rappellent, en silence, l’amour resté incertain.
Au creux d’un édifice brisé, sous l’ombre d’un souvenir,
Il découvre l’ultime vestige d’un rêve qui voudrait s’éblouir.
Un vers, pâle et moribond, inscrit sur un mur fissuré,
Chante l’impossibilité d’un amour scellé et renié.
Le voile de la solitude, dense et inaltérable, s’étend,
Emportant le cœur épris dans un abîme de tourments.
Ainsi s’achève le chemin d’un homme en proie aux affres,
Dont l’âme, marquée à jamais, s’abandonne aux ténèbres.
Sur le seuil d’un dernier adieu, dans l’ombre d’un effroi,
Gît le voyageur solitaire, aux mains tremblantes de froid.
La ville, aux ruines profondes, recueille son ultime soupir,
Témoignant en silence de la vie qui ne pouvait refleurir.
« Ô solitude, ma compagne, ma fatalité bien-aimée,
Que ton étreinte m’emporte pour l’éternité damnée ! »
De sa voix déclinante, s’exhale un ultime aveu,
Révélant l’amour caché, son plus douloureux enjeu.
Ce doux secret jamais déclaré, comme une larme muette,
S’envole vers l’infini, par delà la grisaille inquiète.
Dans un souffle de tragédie, le destin se scelle à jamais,
Et le cœur du voyageur disparaît, consumé par ses regrets.