Le Sonnet : Une Forme Poétique Fixe
Le terme sonnet désigne une forme poétique fixe, traditionnellement composée de quatorze vers suivant un schéma de rimes déterminé. Il dérive du mot italien sonetto (littéralement « petite chanson », issu du mot latin sonus, signifiant « son »). Originaire de Sicile au XIIIe siècle, le sonnet a été progressivement adopté dans de nombreuses régions de langues européennes, principalement pour exprimer l’amour romantique à ses débuts, bien que par la suite, tout sujet ait été considéré comme acceptable. De nombreuses variations formelles ont également été introduites, y compris l’abandon de la limite de quatorze vers – et même de la rime dans les temps modernes.
Giacomo da Lentini est crédité de l’invention du sonnet à la cour de Frédéric II dans la ville sicilienne de Palerme. L’École sicilienne de poètes qui entourait Lentini a ensuite diffusé cette forme sur le continent. Les premiers sonnets n’ont cependant pas survécu dans leur langue sicilienne d’origine, mais seulement après avoir été traduits en dialecte toscan. La forme consistait en une paire de quatrains suivie d’une paire de tercets avec le schéma de rimes symétrique ABABABAB CDCDCD, où le sens est orienté dans une nouvelle direction après la rupture à mi-chemin.
Peter Dronke a commenté qu’il y avait quelque chose d’intrinsèque à sa forme flexible qui a contribué à la survie du sonnet bien au-delà de sa région d’origine. William Baer suggère que les huit premiers vers des premiers sonnets siciliens sont identiques à la strophe de chanson populaire sicilienne de huit vers connue sous le nom de Strambotto. À cela, da Lentini (ou quiconque a inventé la forme) a ajouté deux tercets pour créer la nouvelle forme de sonnet de quatorze vers.
En revanche, Hassanally Ladha a soutenu que la structure et le contenu du sonnet sicilien puisaient dans la poésie arabe et ne peuvent pas être expliqués comme l’« invention » de l’École sicilienne de poètes. Ladha note qu’« dans ses débuts siciliens, le sonnet manifeste un contact littéraire et épistémologique avec le qasida » et souligne que le sonnet n’est pas apparu simultanément avec sa structure supposément définissante de quatorze vers. « Il est révélateur que les tentatives de fermer le sonnet à ses prédécesseurs arabes dépendent d’une définition de la nouvelle lyrique à laquelle la poésie de Giacomo ne correspond pas : survivant dans les recensions du XIIIe siècle, ses poèmes apparaissent non en quatorze, mais plutôt en six vers, y compris quatre rangs, chacun avec deux hémistiches et deux ‘tercets’ chaque ligne s’étendant sur deux rangs. » Dans la vision de Ladha, le sonnet émerge comme la continuation d’une tradition plus large de poésie d’amour à travers le monde méditerranéen et est lié à d’autres formes telles que le strambotto sicilien, la canso provençale, le muwashshah arabe andalou et zajal, ainsi que le qasida.
Les premiers cinq sonnets du Canzoniere de Pétrarque sont un exemple de cette forme poétique. Guittone d’Arezzo a redécouvert la forme du sonnet et l’a amenée en Toscane, où il l’a adaptée au dialecte toscan lors de la fondation de l’École Siculo-Toscane, ou école Guittonienne de poésie (1235–1294). Il a écrit près de 250 sonnets. Parmi la multitude d’autres poètes italiens qui ont suivi, les sonnets de Dante Alighieri et Guido Cavalcanti se distinguent, mais plus tard, le plus célèbre et le plus influent était Pétrarque.
La structure d’un sonnet italien typique a évolué pour inclure deux parties qui forment ensemble une forme compacte d’« argument ». D’abord, l’octave forme la « proposition », qui décrit un « problème » ou une « question », suivie d’un sestet (deux tercets) qui propose une « résolution ». En général, la neuvième ligne initie ce qu’on appelle le « tournant », ou « volta », qui signale le passage de la proposition à la résolution. Même dans les sonnets qui ne suivent pas strictement la structure problème/résolution, la neuvième ligne marque souvent un « tournant » en signalant un changement de ton, d’humeur ou de posture du poème.
Plus tard, le schéma ABBA ABBA est devenu le standard pour les sonnets italiens. Pour le sestet, il y avait deux possibilités différentes : CDE CDE et CDC CDC. Avec le temps, d’autres variantes de ce schéma de rime ont été introduites, telles que CDC DCD ou CDE DCE. Pétrarque utilisait généralement un schéma ABBA ABBA pour l’octave, suivi soit de CDE CDE soit de rimes CDC CDC dans le sestet.
Exemple de poème en français
Voici un exemple de sonnet, illustrant la structure et le style du genre poétique :
À la Lueur des Étoiles
Dans le ciel nocturne, brillent les étoiles (A)
Chaque lueur, un rêve, un doux murmure (B)
Éclairant nos âmes, telle une lueur (A)
Au gré des vents, dansent nos voiles. (A)
La lune veille, complice des cœurs (B)
Tandis que les ombres s’étirent, furtives (C)
Dans ce silence, nos âmes sont vives (C)
Évoquant l’amour, éloignant les peurs. (B)
Oh douce nuit, où l’on s’abandonne (D)
À la caresse d’un souffle léger (E)
L’univers entier, pour nous, résonne. (D)
Notre amour éclatant, tel un secret. (E)
Sous les étoiles, ensemble, nous rêvons (F)
Au rythme du temps, à l’infini, nous croyons.