La Strophe en Poésie
Une strophe est un terme poétique qui se réfère à la première partie de l’ode dans la tragédie grecque antique, suivie de l’antistrophe et de l’épode. Ce terme a été élargi pour désigner également une division structurelle d’un poème contenant des strophes de longueurs de vers variées. La poésie strophique se contraste avec les poèmes composés ligne par ligne de manière non strophique, tels que les poèmes épiques grecs ou le vers libre anglais, auxquels le terme stichic s’applique.
Dans son contexte grec original, la « strophe, antistrophe et épode étaient une sorte de strophe encadrée uniquement pour la musique », comme l’a écrit John Milton dans la préface de Samson Agonistes, la strophe étant chantée par un chœur grec en se déplaçant de droite à gauche à travers la scène.
Le terme strophe (du grec στροφή, « tourner, plier, tordre ») désigne un concept en versification qui signifie proprement un tournant, comme d’un pied à l’autre, ou d’un côté d’un chœur à l’autre.
Dans un sens plus général, la strophe est une paire de strophes de forme alternée sur laquelle est basée la structure d’un poème donné, la strophe étant généralement identique à la strophe dans la poésie moderne et son arrangement et la récurrence des rimes lui donnant son caractère. Mais les Grecs appelaient une combinaison de périodes de vers un système, donnant le nom de « strophe » à un tel système seulement lorsqu’il était répété une fois ou plusieurs en forme immobile.
Une forme simple de strophe grecque est la strophe sapphique. Comme tous les vers grecs, elle est composée de syllabes longues et courtes alternées (symbolisées par — pour long, u pour court et x pour soit long soit court) disposées de la manière suivante :
- — u — x — u u — u — —
- — u — x — u u — u — —
- — u — x — u u — u — x — u u — —
Des formes beaucoup plus complexes se trouvent dans les odes de Pindare et les sections chorales de la tragédie grecque.
Dans la poésie chorale, il est courant de trouver la strophe suivie d’une antistrophe métriquement identique, qui peut – chez Pindare et d’autres poètes épiques – être suivie à son tour d’une épode métriquement dissemblable, créant ainsi une forme AAB.
Origines et développement
Il est dit qu’Archilochus a d’abord créé la strophe en liant ensemble des systèmes de deux ou trois vers. Mais ce sont les auteurs d’odes grecs qui ont introduit la pratique de l’écriture de strophes à grande échelle, et l’art a été attribué à Stésichore, bien qu’il soit probable que des poètes antérieurs y aient été familiarisés. L’arrangement d’une ode dans un artifice splendide et cohérent de strophe, antistrophe et épode a été porté à son apogée par Pindare.
Avec le développement de la prosodie grecque, diverses formes de strophes particulières ont été généralement acceptées et ont été mises à l’honneur par la fréquence avec laquelle des poètes de premier plan les employaient. Parmi celles-ci se trouvaient la strophe sapphique, l’élégiaque, l’alcaïque et la strophe asclépiade, toutes proéminentes dans la poésie grecque et latine. La strophe la plus brève et la plus ancienne est le distique dactylique, qui consiste en deux vers de la même classe de rythme, le second produisant un contrepoint mélodique au premier.
Les formes de vers modernes en anglais qui reproduisent le plus exactement l’impression visée par l’ancienne strophe d’ode sont les strophes rimées élaborées de poèmes tels que Ode à un Rossignol de Keats ou Le Gitan Savant de Matthew Arnold.
Une forme strophique de poésie appelée Muwashshah s’est développée en Andalousie dès le IXe siècle de notre ère, puis s’est répandue en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le Muwashshah était généralement en arabe classique, avec le refrain parfois dans le dialecte local.
Le terme strophe est utilisé dans la critique moderne et post-moderne pour indiquer des « unités longues non isomorphes » de vers, tandis que le terme « strophe » est utilisé pour des unités plus régulières.
Exemple de poème en strophe
Dans les ombres d’une nuit étoilée,
Les rêves s’envolent, légers comme l’air,
Les murmures du vent, douce mélodie,
Racontent les histoires d’un autre hier.
Les vagues dansent, un ballet secret,
Sur le rivage, les souvenirs s’éveillent,
Chaque grain de sable, un instant passé,
Dans le cœur, l’écho des merveilles.
Ainsi la strophe, en rythme et en rime,
Unie par le fil des émotions,
Évoque la beauté d’un monde en prime,
Dans l’harmonie de nos passions.