Et deux corps seulement sont retournés du monde
Sans être repassés par la meuble poussière.
Et deux corps sont sortis de l’éternelle ronde
Sans être repassés par la lourde matière.
Et deux corps seulement sont retournés du monde
Sans être repassés par une humble poussière.
Et deux corps sont sortis de la charnelle ronde
Et n’ont point repassé par une humble matière.
Et deux corps seulement sont retournés du monde
Sans être repassés par la même poussière.
Et deux corps sont sortis de l’internelle ronde
Et n’ont point repassé par la même matière.
Et deux corps seulement sont retournés du monde
Sans être repassés par l’antique poussière.
Et deux corps sont sortis de l’implacable ronde
Sans être repassés par l’antique matière.
Et deux corps seulement sont retournés du monde
Sans être repassés par l’immuable terre.
Et deux corps sont sortis de l’immuable ronde
Sans être repassés par l’antique misère.
Ni par le même lieu, ni par le même monde.
Ni par le même point de la même poussière.
Ni par le même nœud, ni par la même ronde.
Ni par le même point de la même matière.
Ni par le même jeu, ni par le même monde.
Ni par le même point de l’identique terre.
Ni par le même enjeu, ni par la même ronde,
Ni par le même point de la même misère.
Ni par le même feu, ni par les mêmes ondes,
Ni par le même endroit et le même revers.
Ni par les mêmes vœux de nos sources profondes.
Ni par le même point de l’immense univers.
Ni par le même centre et par l’axe du monde,
Ni par le même point de la même tendresse.
Ni par le même ventre et la race profonde.
Ni par le même point de la même déuesse.
Et deux corps seulement sont retournés du monde
Intacts, purs et sanglés, plus frais qu’un nourrisson.
Et deux corps sont sortis de la sordide ronde
Plus clairs que le froment le soir de la moisson.