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Sur une Dame
Dans le poème ‘Sur une Dame’, Vincent Voiture nous entraîne dans un univers où la beauté féminine est célébrée avec humour et légèreté. Écrit au XVIIe siècle, ce poème met en lumière les tourments de l’amour et le pouvoir de séduction d’une femme. À travers des métaphores emblématiques et un ton espiègle, Voiture parvient à capturer l’essence du désir et de l’admiration, tout en s’inscrivant dans une tradition poétique riche.
Phylis, je suis dessous vos lois, Et sans remède à cette fois Mon âme est votre prisonnière, Mais sans justice et sans raison Vous m’avez pris par le derrière : N’est-ce pas une trahison ? Je m’étais gardé de vos yeux ; Et ce visage gracieux Qui peut faire pâlir le nôtre Contre moi n’ayant point d’appas. Vous m’en avez fait voir un autre De quoi je ne me gardais pas. D’abord, il se fit mon vainqueur, Ses attraits percèrent mon cœur, Ma liberté se vit ravie ; Et le méchant, en cet état, S’était caché toute sa vie Pour faire cet assassinat. Il est vrai que je fus surpris ; Le feu passa dans mes esprits, Et mon cœur, autrefois superbe, Humble se rendit à l’amour, Quand il vit votre cul sur l’herbe Faire honte aux rayons du jour. Le soleil, confus dans les deux, En le voyant si radieux, Pensa retourner en arrière, Son feu ne servant plus de rien ; Mais, ayant vu votre derrière, Il n’osa pas montrer le sien. En découvrant tant de beautés Les Sylvains furent enchantés ; Et Zéphire voyant encore D’autres appâts que vous avez, Même en la présence de Flore, Vous baisa ce que vous savez. La rose, la reine des fleurs, Perdit ses plus vives couleurs ; De crainte l’œillet devint blême, Et Narcisse, alors convaincu Oublia l’amour de soi-même Pour se mirer en votre cul. Aussi rien n’est si précieux : Et la clarté de vos beaux yeux, Votre teint qui jamais ne change, Et le reste de vos appas Ne méritent point de louange, Qu’alors qu’il ne se montre pas. On m’a dit qu’il a des défauts Qui me causeront mille maux : Car il est farouche à merveilles ; Il est dur comme un diamant ; Il est sans yeux et sans oreilles, Et ne parle que rarement. Mais je l’aime, et veux que mes vers Par tous les coins de l’univers En fassent vivre la mémoire, Et je ne veux penser désormais Qu’à chanter dignement la gloire Du plus beau cul qui fut jamais. Phylis, cachez bien ces appas Les mortels ne dureraient pas Si ces beautés étaient sans voiles. Les dieux qui régnent dessus nous, Assis là-haut sur les étoiles, Ont un moins beau siège que vous.
Ce poème invite à apprécier la beauté et l’art de la séduction, tout en nous rappelant l’importance des émotions exprimées à travers la poésie. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres de Vincent Voiture et à partager vos réflexions sur sa vision de la beauté.