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Tu Vas Te Battre

Le poème ‘Tu Vas Te Battre’ de Marcel Martinet est un vibrant appel à la résistance des travailleurs contre les injustices sociales. Écrit dans un contexte de luttes ouvrières, ce poème dépeint la souffrance et la détermination des classes populaires face à l’oppression des bourgeois et des patrons. Sa puissance émotionnelle et son message universel font de cette œuvre un classique incontournable de la poésie engagée.
Tu vas te battre. Quittant L’atelier, le bureau, le chantier, l’usine, Quittant, paysan, La charrue, soc en l’air, dans le sillon, La moisson sur pied, les grappes sur les ceps, Et les bœufs vers toi beuglant du fond du pré, Employé, quittant les madames, Leurs gants, leurs flacons, leurs jupons, Leurs insolences, leurs belles façons, Quittant ton si charmant sourire, Mineur, quittant la mine Où tu craches tes poumons En noire salive, Verrier, quittant la fournaise Qui guettait tes yeux fous, Et toi, soldat, quittant la caserne, soldat, Et la cour bête où l’on paresse, Et la vie bête où l’on apprend À bien oublier son métier, Quittant la rue des bastringues, La cantine et les fillasses, Tu vas te battre. Tu vas te battre ? Tu quittes ta livrée, tu quittes ta misère, Tu quittes l’outil complice du maître ? Tu vas te battre ? Contre ce beau fils ton bourgeois Qui vient te voir dans ton terrier, Garçon de charrue, métayer, Et qui te donne des conseils En faisant à son rejeton Un petit cours de charité ? Contre le monsieur et la dame Qui payait ton charmant sourire De vendeur à cent francs par mois En payant les robes soldées Qu’on fabrique dans les mansardes ? Contre l’actionnaire de mines Et contre le patron verrier ? Contre le jeune homme en smoking Né pour insulter les garçons Des cabinets particuliers Et se saouler avec tes filles, En buvant ton vin, vigneron, Dans ton verre, ouvrier verrier ? Contre ceux qui dans leurs casernes Te dressèrent à protéger Leurs peaux et leurs propriétés Des maigres ombres de révolte Que dans la mine ou l’atelier Ou le chantier auraient tentées Tes frères, tes frères, ouvrier ? Pauvre, tu vas te battre ? Contre les riches, contre les maîtres, Contre ceux qui mangent ta part, Contre ceux qui mangent ta vie, Contre les bien nourris qui mangent La part et la vie de tes fils, Contre ceux qui ont des autos, Et des larbins et des châteaux, Des autos de leur boue éclaboussant ta blouse, Des châteaux qu’à travers leurs grilles tu admires, Des larbins ricanant devant ton bourgeron, Tu vas te battre pour ton pain, Pour ta pensée et pour ton cœur, Pour tes petits, pour leur maman, Contre ceux qui t’ont dépouillé Et contre ceux qui t’ont raillé Et contre ceux qui t’ont souillé De leur pitié, de leur injure, Pauvre courbé, pauvre déchu, Pauvre insurgé, tu vas te battre Contre ceux qui t’ont fait une âme de misère, Ce cœur de résigné et ce cœur de vaincu… ? Pauvre, paysan, ouvrier, Avec ceux qui t’ont fait une âme de misère, Avec le riche, avec le maître, Avec ceux qui t’ayant fusillé dans tes grèves T’ont rationné ton salaire, Pour ceux qui t’ont construit autour de leurs usines Des temples et des assommoirs Et qui ont fait pleurer devant le buffet vide Ta femme et vos petits sans pain, Pour que ceux qui t’ont fait une âme de misère Restent seuls à vivre de toi Et pour que leurs grands cœurs ne soient point assombris Par les larmes de leur patrie, Pour te bien enivrer de l’oubli de toi-même, Pauvre, paysan, ouvrier, Avec le riche, avec le maître, Contre les dépouillés, contre les asservis, Contre ton frère, contre toi-même, Tu vas te battre, tu vas te battre ! Va donc ! Dans vos congrès vous vous serriez les mains, Camarades. Un seul sang coulait dans un seul corps. Berlin, Londres, Paris, Vienne, Moscou, Bruxelles, Vous étiez là ; le peuple entier des travailleurs Était là ; le vieux monde oppresseur et barbare Sentant déjà sur soi peser vos mains unies, Frémissait, entendant obscurément monter Sous ses iniquités et sous ses tyrannies Les voix de la justice et de la liberté, Hier. Constructeurs de cités, âmes libres et fières, Cœurs francs, vous étiez là, frères d’armes, debout, Et confondus devant un ennemi commun, Hier. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui comme hier Berlin, Londres, Paris, Vienne, Moscou, Bruxelles, Vous êtes là ; le peuple entier des travailleurs Est là. Il est bien là, le peuple des esclaves, Le peuple des hâbleurs et des frères parjures. Ces mains que tu serrais, Elles tiennent bien des fusils, Des lances, des sabres, Elles manœuvrent des canons, Des obusiers, des mitrailleuses, Contre toi ; Et toi, toi aussi, tu as des mitrailleuses, Toi aussi tu as un bon fusil, Contre ton frère. Travaille, travailleur. Fondeur du Creusot, devant toi Il y a un fondeur d’Essen, Tue-le. Mineur de Saxe, devant toi Il y a un mineur de Lens, Tue-le. Docker du Havre, devant toi Il y a un docker de Brême, Tue et tue, tue-le, tuez-vous, Travaille, travailleur. Oh ! Regarde tes mains. Ô pauvre, ouvrier, paysan, Regarde tes lourdes mains noires, De tous tes yeux, usés, rougis, Regarde tes filles, leurs joues blêmes, Regarde tes fils, leurs bras maigres, Regarde leurs cœurs avilis, Et ta vieille compagne, regarde son visage, Celui de vos vingt ans, Et son corps misérable et son âme flétrie, Et ceci encor, devant toi, Regarde la fosse commune, Tes compagnons, tes père et mère… Et maintenant, et maintenant, Va te battre.
En conclusion, ‘Tu Vas Te Battre’ nous incite à réfléchir sur notre propre place dans la société et à envisager la solidarité face aux injustices. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Marcel Martinet et à partager vos réflexions sur ce poème intemporel.

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