Un désordre accablant et sans fin
Sur la terre invisible et brumeuse
Sur la face invisible des eaux
Un désordre de gouffre et de chute
Plus amer que le fiel du sommeil
Un désordre d’attente et de larmes
Au milieu de la terre et des eaux
Et la terre était noire et brumeuse
Et le jour retournait à la nuit
Et le monde attendait dans l’abîme
Et le ciel chavirait dans les eaux
Et ce rêve accablait le désordre
D’un mutisme de pluie et de vent
Et la pluie accourait sur la terre
Et le vent demeurait sur les eaux
Et le jour comme une ombre accablante
Et la nuit comme un trouble sans fin
S’arrachaient au sommeil de la terre
Et veillaient sur la cendre des eaux
Et la vie était lente et brumeuse
Et la mort répondait à ses cris
Et la terre était loin de la vie
Et la mort descendait sur les eaux
Et la loi de la vie était bonne
Et le temps de la mort était bref
Et le monde arrêtait ses ténèbres
Au milieu de la terre et des eaux
Il se fît un désordre moins proche
Un désordre de rêve et de fiel
Et la terre engendrait le désordre
Et le ciel chavirait dans les eaux
Un désordre de terre accablée
Sur la terre invisible et sans fin
Un désordre d’eau noire et brumeuse
Sur la face invisible des eaux
Et la vie ordonnait le désordre
Et la mort retournait à la mort
Et la mort se taisait sur la terre
Et la vie écoutait sur les eaux
Et la loi de la vie était juste
Et le temps de la mort était bref
Et le monde ajoutait son attente
Au tourment de la terre et des eaux
Et le jour remontait de l’abîme
Et la nuit retournait à la nuit
Et la pluie accourait sur la terre
Et le vent demeurait sur les eaux
Et ce fut dans le vent, dans la pluie
Un désordre de rêve et d’amour
Et l’amour était neuf sur la terre
Et le rêve était vieux sur les eaux
Et la vie et la mort étaient justes
Et le rêve et l’amour étaient bons
Et la vie écoutait sur la terre
Et la mort se taisait sur les eaux
Il se fit un désordre de rêve
Un désordre de vie et de mort
Et l’amour refleurit sur la terre
Et le ciel éclata sur les eaux