La Villanelle : Un Genre Poétique Distinctif
La villanelle, également connue sous le nom de villanesque, est une forme poétique de dix-neuf vers, composée de cinq tercets suivis d’un quatrain. Cette structure inclut deux refrains et deux rimes répétées, où les premier et troisième vers du premier tercet sont répétés alternativement à la fin de chaque strophe suivante, jusqu’à la dernière strophe qui contient les deux vers répétés. La villanelle est un exemple de forme fixe. Le mot dérive du latin, puis de l’italien, et est lié à l’idée de sujet pastoral, qui était la caractéristique initiale de cette forme poétique.
La forme a commencé comme une simple chanson de type ballade, sans structure fixe ; cette qualité fixe ne viendrait que beaucoup plus tard, avec le poème « Villanelle (J’ay perdu ma Tourterelle) » (1606) de Jean Passerat. À partir de ce moment, son évolution vers la « forme fixe » utilisée aujourd’hui est débattue. Malgré ses origines françaises, la majorité des villanelles ont été écrites en anglais, une tendance qui a commencé à la fin du dix-neuvième siècle. La villanelle est souvent considérée comme une forme qui traite fréquemment des obsessions et qui attire les outsiders ; sa caractéristique de répétition l’empêche d’avoir un ton conventionnel.
Le terme villanelle dérive de l’italien villanella, qui désigne une chanson ou une danse rustique, et qui vient de villano, signifiant paysan ou vilain. Villano dérive du latin médiéval villanus, qui signifie « ouvrier agricole ». L’étymologie du mot est liée au fait que la caractéristique initiale de la forme était le sujet pastoral.
La villanelle a pris forme en imitant les chansons paysannes d’une tradition orale, sans forme poétique fixe. Ces poèmes étaient souvent de sujet rustique ou pastoral et contenaient des refrains. Avant le dix-neuvième siècle, le terme désignait simplement une chanson de campagne, sans forme particulière impliquée. Selon Julie Kane, le refrain de chaque strophe indique que la forme descend d’une « chanson de danse chorale » où un soliste vocal—souvent féminin—improvisait les paroles « uniques » de chaque strophe, tandis qu’un cercle de danseurs—tous féminins ou mixtes—répétait les mots du refrain en dansant autour d’elle.
Voici un exemple de villanelle, « Villanelle (J’ay perdu ma Tourterelle) » de Jean Passerat :
J’ay perdu ma Tourterelle : (refrain 1)
Est-ce point celle que j’oy ?
Je veus aller aprés elle.Tu regretes ta femelle, (refrain 2)
Helas ! aussi fai-je moy,
J’ay perdu ma Tourterelle.
La villanelle fixe, contenant le refrain double de dix-neuf vers, provient du poème de Jean Passerat, publié en 1606. La New Princeton Encyclopedia of Poetry and Poetics (1993) suggère que cela est devenu la « villanelle » standard lorsque des prosodistes comme César-Pierre Richelet ont basé leurs définitions sur ce poème. Cependant, cette conclusion est réfutée par Kane, qui argue que ce sont plutôt les ajouts de Pierre-Charles Berthelin au Dictionnaire de rimes de Richelet qui ont d’abord fixé la forme. Malgré sa classification et son origine en tant que forme poétique française, la majorité des villanelles ont été écrites en anglais.
La villanelle consiste en cinq strophes de trois vers (tercets) suivies d’une strophe unique de quatre vers (quatrain), pour un total de dix-neuf vers. Elle est structurée par deux rimes répétées et deux refrains : le premier vers de la première strophe sert de dernier vers des deuxième et quatrième strophes, et le troisième vers de la première strophe sert de dernier vers des troisième et cinquième strophes. Le schéma de rime et de refrain de la villanelle est le suivant :
Refrain 1 (A1)
Vers 2 (b)
Refrain 2 (A2)
Vers 4 (a)
Vers 5 (b)
Refrain 1 (A1)
Vers 7 (a)
Vers 8 (b)
Refrain 2 (A2)
Vers 10 (a)
Vers 11 (b)
Refrain 1 (A1)
Vers 13 (a)
Vers 14 (b)
Refrain 2 (A2)
Vers 16 (a)
Vers 17 (b)
Refrain 1 (A1)
Refrain 2 (A2)
Ici, les lignes « a » et « A » riment, et A1 et A2 indiquent deux refrains différents qui sont répétés exactement. La villanelle n’a pas de mètre établi, bien que la plupart des villanelles du dix-neuvième siècle utilisaient le trimètre ou le tétramètre, et que la plupart des villanelles du vingtième siècle utilisaient le pentamètre. Une légère altération de la ligne de refrain est permise.
En ce qui concerne la répétition des lignes, Philip K. Jason suggère que la « villanelle est souvent utilisée, et utilisée correctement, pour traiter d’un certain degré d’obsession », citant « Mad Girl’s Love Song » de Sylvia Plath, entre autres exemples. Il note que la forme peut évoquer, à travers la relation entre les lignes répétées, un sentiment de délocalisation et un « paradigme pour la schizophrénie ». Cette répétition de lignes a été considérée comme empêchant les villanelles d’avoir un « ton conventionnel » et qu’elles sont plutôt plus proches d’une chanson ou d’une poésie lyrique.
Voici un poème exemple de villanelle, écrit de manière à respecter ce genre poétique :