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Voyage intérieur sous une ville en ruines

Plongez dans ‘Les Échos du Néant’, un poème qui explore les ruines d’une ville autrefois vibrante, symbole de la mémoire et de la perte. À travers les yeux d’un voyageur solitaire, découvrez une quête émouvante pour retrouver les fragments d’un passé révolu, où chaque pas résonne comme un écho de ce qui fut et ne sera plus.
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Les Échos du Néant

Le voyageur aux yeux d’ambre et de poussière,
Passeur d’ombres parmi les décombres du temps,
Foule un matin de cendre et de lumière amère
La cité décomposée où s’éteignent les vents.

Ses pas, lents orateurs d’une mémoire antique,
S’enfoncent dans l’écho des places sans clarté,
Où les murs éventrés, spectres mélancoliques,
Murmurent des secrets que le présent a gâtés.

Il cherche, entre les blocs de marbre dévorés,
Le visage effacé d’un bonheur éphémère,
Un rire cristallin que les ans ont pleuré,
Une porte entrebâillée sur un monde éphémère.

Mais la ville n’est plus qu’un rêve de pierre froide,
Un cadavre debout sous le soleil muet,
Où chaque pierre porte une douleur en froide,
Et chaque angle brisé un adieu qui se tait.

***

Un pont de lianes, jadis arc-en-ciel de pierre,
S’effiloche en lambeaux sur un fleuve tari.
Le voyageur y voit danser un reflet terne :
Celle dont les cheveux embaumaient les matins.

« Ô toi qui fus mon île en ces mers éclatées,
Reconnais-tu l’amant qui t’offrit son printemps ?
Je reviens, par la faille des heures dilatées,
Tresser nos songes morts aux pavés tremblants. »

Le spectre, souriant d’une bouche d’absence,
Effleure de ses doigts les eaux sans souvenir :
« Cher chercheur de fantômes, ton cœur se méprend :
Je ne suis qu’un mirage au miroir de ton désir.

Va plus loin, si tu peux, dans ce palais de brume,
Mais sache que le temps, ce larron solennel,
Ne rend jamais les clefs des caveaux qu’il allume…
Ton hier n’est plus qu’un linceul sous le sel. »

***

Il traverse un dédale de colonnes blessées,
Où le lierre, serpent vorace aux mille dents,
Étrangle les chapiteaux et leurs grâces passées,
Tandis que le vent joue un thrène étourdissant.

Soudain, une fontaine où l’eau morte se fige
Lui tend un calice d’ombre et de nostalgie pure :
« Bois, lui dit-elle, et souviens-toi de ce vertige
Où vos deux cœurs battaient à l’unisson des murs. »

Il obéit, sa lèvre effleurant le silence,
Et voit jaillir en lui des jardins oubliés :
Glycines enlacées, roses en vigilance,
Et deux ombres qui dansent sous les marronniers.

Mais le breuvage est fiel, l’illusion se déchire :
Le bassin n’est qu’un trou dans la terre qui ment,
Les amants de jadis, statues de sourire,
Ne sont que poudre aux mains du néant patient.

***

Nuit. La lune dévore les toits en dentelles,
Tissant un linceul pâle aux frontons écorchés.
Le voyageur entend des sanglots immortels
Monter des caveaux noirs jadis épargnés.

Une voix, comme un fil d’argent dans les ténèbres,
L’appelle au cœur du temple aux dômes effondrés :
« Viens, je suis ton enfance aux paupières funèbres,
L’écho de ton premier pas dans l’éternité. »

Il court, heurtant les murs qui saignent leur histoire,
Titubant parmi les débris de son espoir,
Et trouve, sous l’autel brisé de la mémoire,
Un livre aux pages pleines… de cendre et de soir.

« Lis ! » ordonne la voix. Mais chaque mot s’envole
En nuée de corbeaux rongeurs d’anciens soleils.
Les lettres ne sont plus que blessures qui volent,
Et le texte, un long cri que l’abîme conseille.

***

Aurore. Le voyageur, pèlerin de lui-même,
Se dresse sur la tour qui domine les morts.
Son regard embrasse l’océan du blasphème :
La ville n’est qu’un mot que le temps a tort.

« J’ai marché sur les os de mes propres royaumes,
J’ai bu l’ombre des jours où le bonheur fut roi,
Mais l’âme qui se penche au puits des vieux fantômes
Ne remonte jamais son seau plein de pourquoi.

Adieu, cité qui fus mon sang et mon suaire,
Je te rends à la nuit, à ton destin de fer.
Puisqu’il faut être libre même du sanctuaire,
Je m’efface du songe où je croyais t’aimer. »

Il s’étend sur la pierre en forme de chrysalide,
Offrant son cœur aux vents, aux pluies, aux lendemains.
La ville lentement le mange et le liquide,
Faisant de lui son dernier et plus bel assassin.

Et quand meurt le soleil dans un soupir de rouille,
On ne voit plus qu’une ombre épousant les débris,
Un murmure qui fond dans la brume qui brouille
La frontière entre l’homme et l’infini parti.

***

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Ce poème nous invite à réfléchir sur la nature éphémère de nos souvenirs et de nos émotions. Comme le voyageur, nous marchons tous sur les ruines de nos propres royaumes intérieurs, cherchant à retrouver ce qui a été perdu. Mais peut-être que la véritable liberté réside dans l’acceptation de l’impermanence et dans la capacité à laisser partir ce qui ne peut être retenu.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr

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