La Lamentation du Chevalier Errant
Se dressait une île au destin mystérieux,
Là, le souffle des vents portait un soupir,
Et les cieux, d’un bleu sombre, pleuraient des cieux.Un chevalier errant, au cœur lourd de fardeaux,
Arpentait ces rivages, solitaire et rêveur,
Son armure ébréchée, comme un écho des maux,
Résonnait sous le poids de son âme en pleurs.
Dans ses yeux, la mélancolie tissait des fils,
Des souvenirs égarés, des promesses brisées.
Il cherchait un trésor, un éclat d’azur,
Un amour perdu dans la brume effacée.
« Ô mer, ô silence, où es-tu, douce étoile ?
Dis-moi, dans ce monde, où se cache l’espoir ?
Les vagues, en dansant, portent-elles ma toile,
Ou sont-elles le reflet de mon triste miroir ? »
Il errait, le cœur serré, dans des forêts denses,
Où les ombres murmuraient des secrets anciens,
Des échos de rires, des soupirs d’absence,
Lui rappelant sans fin l’amour du lointain.
Un jour, au crépuscule, il croisa une fée,
Sa beauté éclatante, un rayon de lune,
Elle dansait avec grâce, ses ailes agitées,
Et son chant envoûtant dissipa l’infortune.
« Chevalier, dis-moi, quel est ce lourd fardeau,
Qui t’enchaîne à ce sol, te condamne à l’errance ?
À travers l’infini, le temps, tel un Corbeau,
S’étire et se brise, emportant l’existence. »
Il s’approcha, ému par tant de douceurs :
« Ô belle créature, au regard d’émeraude,
Je cherche un amour, une étoile de cœur,
Mais les vents me chuchotent une ombre, une ode. »
La fée, d’un sourire, dévoila les secrets :
« L’amour que tu cherches, tu l’as laissé là-bas.
Il vit, dans la lumière, en ce lieu, en ce trait,
Mais le temps, hélas, est un voleur, un traître. »
Le chevalier blêmit, le souffle lui manqua,
Il comprit, en un instant, la douleur amère,
Sa dulcinée, offerte aux bras du tracas,
Était perdue à jamais, dans une brume de fer.
« Où est-elle, ô fée, peut-on la retrouver ?
Sur quel rivage, quelle mer, quel océan,
L’amour qui m’a guidé, dont le cœur s’est brisé,
Se cache, loin du temps, loin du battement ? »
« Dans le jardin des souvenirs, elle pleure en silence,
Dans la rosée du matin, son âme s’est éteinte.
Tu dois, chevalier, apaiser cette errance,
Avant que la nuit ne s’installe et que tu te plaintes. »
Le chevalier, désormais, dans les ombres glissait,
Il revivait les jours où son cœur chantait,
Où son âme vibrante, par l’amour illuminée,
Etait l’écho d’un monde où l’espoir ne se tait.
Mais le temps, perfide, lui volait ses larmes,
Et au fil des jours, les souvenirs s’effaçaient,
Il errait comme un spectre, rongé par les charmes
De ce passé radieux, désormais désenchanté.
La fée, impassible, d’un geste léger,
Lui tendit un miroir, reflet du regret,
« Regarde, ô noble, ton cœur déchiré,
Ce que la mélancolie a fait de tes souhaits. »
L’image se dévoila, un visage en pleurs,
Celle qu’il avait aimée, dans l’ombre cachée,
S’éteignait lentement, emportée par les heures,
Et le chevalier, seul, sombrait dans l’infinité.
À la nuit tombante, il touchait les rivages,
Où le sel des larmes se mêlait à la mer,
Son cœur battant encore, malgré l’ultime orage,
Fut emporté par le vent, porté en arrière.
L’écho d’un amour, d’un moment enchanté,
Résonne à jamais dans l’univers glacé,
Et l’ombre du chevalier, à jamais égaré,
Demeure sur cette île, à jamais mélancolique.