Le Jardin des Adieux Éternels
Au crépuscule des serments, un voyageur sans nom
Franchit la grille rouillée où s’accroche le temps,
Ses doigts effleurent l’ombre des roses défuntes,
Dans ce jardin secret où les heures sont comptes.
L’air vibre d’un silence que les souvenirs troublent,
Chaque allée murmure une histoire en débris,
Il cherche entre les buis taillés en funambules
La trace d’une voix qui parfumait les nuits.
Trois printemps ont pâli depuis l’ultime promesse :
« Reviens quand les lilas auront tissé leur manteau,
Je t’attendrai près de la fontaine qui tresse
L’eau vive et les reflets de notre ancien tableau. »
Mais l’automne a glissé ses larmes dans les urnes,
L’hiver a déchiré les voiles du kiosque blanc,
Le voyageur arpente un dédale nocturne
Où chaque pas éveille un regret tremblant.
Il s’arrête. Là-bas, sous l’arceau de glycines,
Un banc de pierre garde l’empreinte de deux corps,
Le lierre a recousu les fissures divines,
La mousse a submergé les mots peints sur le bord.
« Ô compagnon des soirs où la lune était tendre,
Pourquoi avoir semé ces graines de détours ?
J’ai cru que les saisons sauraient nous mieux comprendre,
Mais le gel a roidi même les derniers jours. »
Le vent vole un soupir aux branches dénudées,
Un pétale de cerisier frôle sa main,
Écho d’un rire ancien que la brise a gardé,
Fantôme d’un bonheur enfui dans le matin.
Il marche encore, guidé par les astres moribonds,
Tandis que le bassin, miroir éteint des cieux,
Lui renvoie l’image d’un visage si profond
Qu’il ne sait plus distinguer les larmes de ses yeux.
Soudain, près du pavillon aux vitres éventrées,
Un éclat de porcelaine attire son regard :
C’est le cœur d’une pendule, autrefois adorée,
Dont les aiguilles ont percé le cadran de fard.
« Te souviens-tu du jour où nous l’avons blessée,
Cette horloge qui scande l’éternel retard ?
Tu disais que son tic-tac dansait avec nos pensées,
Maintenant, elle saigne les minutes de hasard. »
Le voyageur se penche, amasse les fragments,
Chaque éclis est un stigmate, un appel sans réponse,
Il voudrait reconstruire ce puzzle de moments,
Mais le passé s’émiette en froides quintessences.
La nuit tombe en pluie fine sur les statues grises,
Les nymphéas se closent en coupes de chagrin,
Il erre entre les ifs, gardiens des méprises,
Cherchant en vain celui qui ne viendra plus.
« J’avais enveloppé mes craintes dans tes songes,
Croyant que ton absence était un pont de soie,
Mais les araignées ont ourdi de mensonges
La toile où se prend mon âme désemparée. »
L’aube point son doigt pâle à l’orient des marbres,
Le jardin se dévoile dans son deuil cristallin,
Le voyageur contemple les ruines des arbres
Qui tendent vers le ciel leurs bras orphelins.
Il s’assied sur les degrés de l’escalier de brume,
Où jadis ils lisaient des vers entre deux baisers,
Le livre est resté ouvert à la page posthume
Où fourmillent les fourmis et les rêves brisés.
« Tout n’est donc que poussière et vaine répétition ?
Le soleil se lèvera-t-il sur d’autres promesses ?
J’ai usé mes souliers aux chemins de l’attente,
Mes paupières sont lourdes des neiges de tristesse. »
Alors, il se résigne à quitter ce royaume,
Mais une rose tardive, éclose entre deux pierres,
Retient son manteau noir d’un geste presque maudite :
« Regarde ! Je survivais à l’oubli des frontières. »
Un instant, son cœur bat au rythme des possibles,
Il caresse la fleur, fragile et sans défense,
Mais un vent cruel surgit, glacial, irascible,
Emportant pétales et espoirs en silence.
Le jardin tout entier semble alors se dissoudre,
Les murs s’effacent comme un remords guéri,
Il ne reste qu’une clé rouillée de foudre
Et l’écho d’un adieu jamais vraiment cri.
Le voyageur repart, son ombre s’amincit,
Dans le sentier qui mène à nulle autre demeure,
Il emporte en secret cette clé qui grandit,
Monument minuscule d’une amitié morte.
Et quelque part, là où les lilas refusent de naître,
Une fontaine pleure ses eaux sans horizon,
Tandis qu’au fond des temps, deux ombres peut-être
Cherchent encore le jardin qui n’était qu’illusion.
Franchit la grille rouillée où s’accroche le temps,
Ses doigts effleurent l’ombre des roses défuntes,
Dans ce jardin secret où les heures sont comptes.
L’air vibre d’un silence que les souvenirs troublent,
Chaque allée murmure une histoire en débris,
Il cherche entre les buis taillés en funambules
La trace d’une voix qui parfumait les nuits.
Trois printemps ont pâli depuis l’ultime promesse :
« Reviens quand les lilas auront tissé leur manteau,
Je t’attendrai près de la fontaine qui tresse
L’eau vive et les reflets de notre ancien tableau. »
Mais l’automne a glissé ses larmes dans les urnes,
L’hiver a déchiré les voiles du kiosque blanc,
Le voyageur arpente un dédale nocturne
Où chaque pas éveille un regret tremblant.
Il s’arrête. Là-bas, sous l’arceau de glycines,
Un banc de pierre garde l’empreinte de deux corps,
Le lierre a recousu les fissures divines,
La mousse a submergé les mots peints sur le bord.
« Ô compagnon des soirs où la lune était tendre,
Pourquoi avoir semé ces graines de détours ?
J’ai cru que les saisons sauraient nous mieux comprendre,
Mais le gel a roidi même les derniers jours. »
Le vent vole un soupir aux branches dénudées,
Un pétale de cerisier frôle sa main,
Écho d’un rire ancien que la brise a gardé,
Fantôme d’un bonheur enfui dans le matin.
Il marche encore, guidé par les astres moribonds,
Tandis que le bassin, miroir éteint des cieux,
Lui renvoie l’image d’un visage si profond
Qu’il ne sait plus distinguer les larmes de ses yeux.
Soudain, près du pavillon aux vitres éventrées,
Un éclat de porcelaine attire son regard :
C’est le cœur d’une pendule, autrefois adorée,
Dont les aiguilles ont percé le cadran de fard.
« Te souviens-tu du jour où nous l’avons blessée,
Cette horloge qui scande l’éternel retard ?
Tu disais que son tic-tac dansait avec nos pensées,
Maintenant, elle saigne les minutes de hasard. »
Le voyageur se penche, amasse les fragments,
Chaque éclis est un stigmate, un appel sans réponse,
Il voudrait reconstruire ce puzzle de moments,
Mais le passé s’émiette en froides quintessences.
La nuit tombe en pluie fine sur les statues grises,
Les nymphéas se closent en coupes de chagrin,
Il erre entre les ifs, gardiens des méprises,
Cherchant en vain celui qui ne viendra plus.
« J’avais enveloppé mes craintes dans tes songes,
Croyant que ton absence était un pont de soie,
Mais les araignées ont ourdi de mensonges
La toile où se prend mon âme désemparée. »
L’aube point son doigt pâle à l’orient des marbres,
Le jardin se dévoile dans son deuil cristallin,
Le voyageur contemple les ruines des arbres
Qui tendent vers le ciel leurs bras orphelins.
Il s’assied sur les degrés de l’escalier de brume,
Où jadis ils lisaient des vers entre deux baisers,
Le livre est resté ouvert à la page posthume
Où fourmillent les fourmis et les rêves brisés.
« Tout n’est donc que poussière et vaine répétition ?
Le soleil se lèvera-t-il sur d’autres promesses ?
J’ai usé mes souliers aux chemins de l’attente,
Mes paupières sont lourdes des neiges de tristesse. »
Alors, il se résigne à quitter ce royaume,
Mais une rose tardive, éclose entre deux pierres,
Retient son manteau noir d’un geste presque maudite :
« Regarde ! Je survivais à l’oubli des frontières. »
Un instant, son cœur bat au rythme des possibles,
Il caresse la fleur, fragile et sans défense,
Mais un vent cruel surgit, glacial, irascible,
Emportant pétales et espoirs en silence.
Le jardin tout entier semble alors se dissoudre,
Les murs s’effacent comme un remords guéri,
Il ne reste qu’une clé rouillée de foudre
Et l’écho d’un adieu jamais vraiment cri.
Le voyageur repart, son ombre s’amincit,
Dans le sentier qui mène à nulle autre demeure,
Il emporte en secret cette clé qui grandit,
Monument minuscule d’une amitié morte.
Et quelque part, là où les lilas refusent de naître,
Une fontaine pleure ses eaux sans horizon,
Tandis qu’au fond des temps, deux ombres peut-être
Cherchent encore le jardin qui n’était qu’illusion.
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