Savez-vous un pays oĂč lâaile a des parfums,
OĂč les roses d’avril, en place dâimmortelles,
Fleurissent le tombeau de nos amours défunts ?
OĂč sur les monts bombant lâĂ©chine de la plaine,
Le platane au tronc lisse et Forme au pied moussu
CliquĂštent, pleins dâoiseaux, de chansons et dâhaleine,
Comme un grelot dâargent sur le dos dâun bossu ?
OĂč le flot, dans un bain de fluides Ă©treintes,
DÚs baigneuses, le soir, berce la nudité ;
OĂč le sable du bord conserve les empreintes
Des enlacements nus pendant les nuits dâĂ©té ?
LĂ , parmi les buissons, rayonnante et sans voiles,
Une apparition glisse comme un follet.
â Belle fille, statue, aux deux grands yeux, Ă©toiles
Que la Nuit laissa choir dans un ruisseau de lait,
Quel ciseleur de mots, quel sculpteur de pensées,
Que Dieu pour travailler les durs métaux créa,
Arrondira le vol des strophes cadencées
Au moule de ton sein, blanche Marmorea ?