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Élégies

Le poème ‘Élégies’ d’Édouard Glissant est une œuvre profonde qui résonne avec la quête d’identité et la mémoire. Publié au 20ᵉ siècle, il aborde la complexité des émotions humaines à travers l’élément de l’eau, symbole de vie et de mémoire. Glissant, écrivain et poète martiniquais, utilise ce poème pour explorer la douleur, le secret et la beauté de l’existence.
Il y en a qui doivent
Parler, parler encore à l’ombre dans les coins
Des plaies qui cicatrisent avec beaucoup de mal
Dans la nuit la plus claire
Et des étangs qui bâillent
On dirait contre un mur
Qui les tiendrait couchés.
Il y en a qui doivent
Longer ce mur, le même,
Et tâcher de l’ouvrir
Avec des mots, des noms qu’il s’agit de trouver
Pour tout ce qui n’a pas de forme et pas de nom.
Ils sont heureux
Ceux pour qui l’eau
Est la patrie.
Ils voient les lacs et les rivières
Et tout s’apaise
Dans la bénédiction des eaux.
Plus loin, plus bas, au fond de l’eau,
Est le secret qui les conduit,
Rêvant et soulevés
Par le vent de l’aval.
Ils s’assoient dans les joncs et voient que tout s’achève
Dans l’eau qui se souvient
D’avoir fini sa peine.
A ceux qui sont hagards
Dans les salles d’auberge
Et qui devant les murs
Se défont en passant
Comme autant de nuages
On essaierait en vain
De leur poser les doigts
Sur un pichet d’eau froide.
Midi c’est l’étranger
Qui se nourrit en vain
De l’étendue des prés
Et des furies d’insectes
Quand la patrie est dans les caves
Avec la bave des limaces.
Il aura trop tenu
Dans le fond de sa paume
En face de la mer
Du sable que le vent
Y prenait grain par grain
Celui que tient la peur
De devenir nuage.
Mais la source
Nous avons rêvé
De la supporter,
D’y plonger les mains
Pour le pur plaisir,
Sachant qu’elle aussi
N’est pas l’ouverture
Qui dirait des mots.
Souviens-toi, tous les ciels Étaient marqués de haine.
Nous n’avions pas l’idée
D’aller noua y asseoir
Pour nous tenir les mains
Et moins encore l’idée
De nous mettre à genoux
Devant eux et leur dire
Ce qu’était notre peine.
Toujours ils étaient vagues
Avec leurs cumulus
Et puis l’écran pour des figures
Irrecevables.
Ce n’est pas nous qui avons lancé
La barque dans le ciel où elle éclatera,
Si fort elle pointe et monte.
Nous n’avons rien voulu
De ce demi-liquide
Où tout se perd.
Qu’elle aille, qu’elle éclate
Et se fasse rayon de lune à l’été proche
Pour quelque lac.
Ou bien si par hasard elle revient un jour,
Nous n’irons pas vers elle
Pour quérir sa réponse.
A genoux sous le vent
Qui fait sa confidence
Au gouffre dans le ciel.
A genoux pour qu’il passe et nous voyant soumis
N’en cherche pas plus long.
Qu’il n’aille pas hurler
Au fond du bois, à la vallée,
Qu’il nous a vus dressés pour livrer la bataille
Aux monstres protégés
Qui se font dans l’humide
Et qui voudront venir
Nous fermer les sentiers.
Et celui qui criait
Dans la sphère d’absence,
Qui voulait que ce fût à ses mains d’étrangler,
Sur l’azur vertical,
Les fleurs géantes et bleues
Qui tombaient du soleil.
Avec les fontaines au fin fond des terres
Nous avons été.
Avec les fontaines sous le poids des algues
Nous avons été.

C’était contre l’air
Et probablement
Pour ne plus parler.
Ceux qui sont à la pointe
Et vont dans l’avenir
Comme un carrier va dans la pierre,
Sachant que tout ce monde en travail de sommeil
N’est pas le corps tenu
Dans la main d’un plus fort qui le garde et le veille,
Il faut leur pardonner jusqu’à la volonté
D’étreindre un jour sur la montagne au crépuscule
Un corps qui les repose
Et l’autre volonté parfois,
Dans la durée,
De se fermer les yeux
Sur le bord d’un étang.
Nous nous assemblerons sur un coin de la lande
Et nous verrons la mer encore
Mais d’assez loin.
Nous aurons à nous dire
Et plus encore à boire.
Puis nous nous étreindrons pendant que la nuit tombe
Et couvre la ro3ée
En attendant le feu
De la roche et du bois.
Nous trouvions que la nuit
Est chose naturelle
Et que le jour
Est difficile.
Mais cette nuit pourtant
N’avait pas notre accord.
Celle que nous voulions Était bien plus épaisse
Et répondait aux doigts.
C’était la nuit encore plus noire
Où laisser nos deux corps
A cette eau douce des lavoirs.
Que signifiaient les cols des cygnes
Et les bergers sur les images?
Mais que signifiaient l’eau
Et la mousse au printemps
Quand vivre devient bon.
Nous nous gommes tenus
Devant des feux de bois
Et sachant que la flamme
Nous n’avons rien trouvé
Que nous serrer les mains
Et détourner les yeux
Vers l’ombre fatigante.
J’avais épousé la branche du saule
Et bien entendu la plus mal venue.
Nous n’avons pas fait de ces longs
A travers nuages
Vers un fond du ciel.
Mais je suis resté
Pendant des instants ou l’éternité
Gomme de l’eau dans l’eau.

Et c’est maintenant qu’il faudrait savoir
Qui, sur le bord de la rivière,
Toucha son épouse,
La branche du saule.
Si c’est encore celui qui souffre tellement
Dans tellement de paysages.
Trop de brouillard
Pour trop de ciel et trop de vent.
Alors on cherche
Comme un métal qui se renfrogne
Ou bien l’oiseau qui préféra
Tourner en pierre
Et qui crierait,
Qui frapperait

Si on lui parlait bas
Du jour et de la nuit
Dehors, dans les espaces.
*
A l’orée du bois peut-être de pins,
Dessus les rochers tout près d’éclater,
Qui donc au soleil peut ainsi chanter
Pendant plus d’un rêve
Et n est pas oiseau
Ni tribu d insectes?
Qui chante à plein sol comment la lumière
A touché les corps?
Rien, mais le soleil voyant l’avenir
Sur un champ d’avoine et sur un pré.
Cette réflexion poétique invite à contempler notre propre rapport à l’eau et à la mémoire. N’hésitez pas à explorer davantage l’œuvre d’Édouard Glissant et à partager vos impressions sur ce poème touchant.

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