Splendeur et pur dessin
Du sein
Dont la pointe se cabreĀ !
Fureurs de FastreĀ ! essor
Rouge dans la nuit noireĀ !
à” gloire
Des chevelures d’orĀ !
Aube énorme des pà´lesĀ !
Baiser torrentiel
Du ciel
Sur les belles épaulesĀ !
Vague dispersion
Des célestes fumĆ©es
Pâmées
Dans les bras déIxionĀ !
Candeur des citronnellesĀ !
Mânes des lys défunts !
Parfums
Des lampes éternelles !
Ā
Rhythme pompeux du versĀ !
Blanches apothƩoses
Des choses
Dans les soleils ouvertsĀ !
Ā
DƩchirement des voiles,
Et tout ce que l’orgueil
De l’œil
Cherche dans les étoiles :
Les Dieux l’ont amassé
Dans les bras d’Ariane,
Liane
Où je suis enlacé.
Ariane, farouche
Habitante des bois,
Je bois
Les baumes de ta boucheĀ !
C’est toi qui me conduis
À travers l’épouvante
Vivante
Des forĆŖts et des nuitsĀ !
Les bĆŖtes, dans nos courses,
Te suivent par convoisĀ ;
Ta voix
Charme le cœur des ourses !
Les chats-tigres fƩlons
Baisent avec dƩlices
Les lisses
Rougeurs de tes talonsĀ !
Ā
Tu courbes la panthĆØre
Ć€ subir comme moi
La loi
Divine d’un mystère !
Ć” reine-enfantĀ ! tu peux
Interrompre d’un geste
La sieste
Des grands lions pompeux,
Et, caprices Ʃnormes,
Rougir leur vaste flanc
Du sang
Des mƻres ou des cormes,
Et mĆŖler Ć foison
Leur criniĆØre moins blonde
Ć€ l’onde
Folle de ta toison,
Et bientĆ´t sur les lierres
T’assoupir à demi
Parmi
Leurs troupes familiĆØres,
Ā
Cependant que le feu
De ta lèvre m’abreuve,
Ć” veuve
Adorable d’un Dieu !
Mais, enfant, puisque l’ombre
Des grands ravins te plaƮt,
Il est
Une forĆŖt plus sombre.
Ta nuque où l’astre luit
N’a pas d’or sous le peigne
Qui teigne
D’aurore cette nuit !
Solitudes funĆØbres
Que roule vers l’enfer
La mer
Houleuse des ténèbres !
LĆ , jamais le sanglant
Éclair de l’escarboucle
Qui boucle
Ta ceinture Ć ton flanc,
Ni ton regard qui creuse,
Comme un soleil, des trous
D’or roux
Dans la nuit tƩnƩbreuse,
Ni tes lĆØvres en fleurs
Ne pourraient faire luire
Le rire
Éclatant des couleurs !
C’est l’énorme broussaille
Et l’antre et le ravin
Qu’en vain
L’aube candide assaille,
C’est le gouffre vainqueur
Du ciel et le dƩsastre
De l’astre,
C’est mon cœur ! c’est mon cœur !
Ɣ dƩtestable gƮte
De monstresĀ ! longs abois
Du bois
Qu’un souffle impur agite !
Dans les repaires noirs
Où leur venin s’égoutte,
J’écoute
Ramper mes désespoirs !
Mes remords, bĆŖtes mornes,
Passent en dƩfaillant,
Fouillant
Leurs ventres de leurs cornes,
Ā
Et des singes poltrons
Ć€ la paupiĆØre bleue
La queue
S’enlace autour des troncs !
Amoureuse des roses
Et des œillets naissants,
Descends
Dans mon cœur, si tu l’oses,
Dans mon cœur dévasté,
Ć” vivante statue
VĆŖtue
De ta seule beauté !
Ā
Sois l’amour ! sois l’aurore !
Perce, rayon d’azur,
Le mur
De la nuit incoloreĀ !
Que sur l’ombre l’amour
Ɖperdu se dƩploie
Et noie
La haine dans le jourĀ !
Et les monstres infâmes
Sentiront, sous tes yeux,
En eux
Des éclosions d’âmes !
Ā
Et pareille au chasseur
Qui rapporte avec joie
Sa proie,
Ariane, ma sœur,
Des gouffres infertiles
Quand tu remonteras,
Les bras
EnlacƩs de reptiles,
La troupe des amants
Chantera sur l’ivoire
La gloire
Des sourires charmants,
Ā
Et, reine aux belles poses,
On te verra, le soir,
T’asseoir
Dans les apothéoses !
Ā
Tandis que, triomphant,
Je baiserai les roses
DƩcloses,
Ɣ dƩlicate enfant
Dont le rire m’accueille,
La nuit, dans les massifs
Lascifs
D’orne et de chèvre-feuille !