Dans ‘À M. Sainte-Beuve’, Aloysius Bertrand propose une réflexion profonde sur le labeur poétique et la condition humaine. Écrit en 1836, ce poème illustre les luttes intérieures de l’auteur face à la gloire littéraire et aux aléas de la vie. Le texte, empreint d’une mélancolie palpable, invite le lecteur à s’interroger sur le sens même de l’écriture et de la reconnaissance dans le monde artistique.
Je prierai les lecteurs de ce mien labeur qu’ils veuillent
prendre en bonne part tout ce que j’y ai escrit.
Sire de Joinville. – Mémoires
L’homme est un balancier qui frappe une monnaie à son coin. La quadruple porte l’empreinte de l’empereur, la médaille du pape, le jeton du fou.
Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons coup sur coup et où le diable, pour en finir, rafle joueurs, dés et tapis vert.
L’empereur dicte ses ordres à ses capitaines, le pape adresse des bulles à la chrétienté, et le fou écrit un livre.
Mon livre, le voilà tel que je l’ai fait et tel qu’on doit le lire, avant crue les commentateurs ne l’obscurcissent de leurs éclaircissements.
Mais ce ne sont point ces pages souffreteuses, humble labeur ignoré des jours présents, qui ajouteront quelque lustre à la renommée poétique des jours
passés.
Et l’églantine du ménestrel sera fanée, que fleurira toujours la giroflée, chaque printemps, aux gothiques fenêtres des châteaux et des monastères.
Paris, 20 septembre 1836.
FIN
prendre en bonne part tout ce que j’y ai escrit.
Sire de Joinville. – Mémoires
L’homme est un balancier qui frappe une monnaie à son coin. La quadruple porte l’empreinte de l’empereur, la médaille du pape, le jeton du fou.
Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons coup sur coup et où le diable, pour en finir, rafle joueurs, dés et tapis vert.
L’empereur dicte ses ordres à ses capitaines, le pape adresse des bulles à la chrétienté, et le fou écrit un livre.
Mon livre, le voilà tel que je l’ai fait et tel qu’on doit le lire, avant crue les commentateurs ne l’obscurcissent de leurs éclaircissements.
Mais ce ne sont point ces pages souffreteuses, humble labeur ignoré des jours présents, qui ajouteront quelque lustre à la renommée poétique des jours
passés.
Et l’églantine du ménestrel sera fanée, que fleurira toujours la giroflée, chaque printemps, aux gothiques fenêtres des châteaux et des monastères.
Paris, 20 septembre 1836.
FIN
Ce poème nous rappelle que chaque œuvre, même humble, a sa valeur dans le panorama littéraire. N’hésitez pas à explorer d’autres créations d’Aloysius Bertrand pour découvrir la richesse de son univers poétique.