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Chère, Voici le Mois de Mai

Le poème ‘Chère, Voici le Mois de Mai’ de Théodore de Banville est une œuvre emblématique de la poésie romantique française. Écrite au XIXᵉ siècle, cette ode exalte la beauté du printemps et l’émerveillement que suscite l’amour. À travers des vers délicats, l’auteur invite les lecteurs à savourer la douceur des instants partagés en pleine nature, rendant ainsi ce poème intemporel et toujours émotionnellement résonnant.
ChĆØre, voici le mois de mai, Le mois du printemps parfumĆ© Qui, sous les branches, Fait vibrer des sons inconnus, Et couvre les seins demi-nus De robes blanches. Voici la saison des doux nids, Le temps oĆ¹ les cieux rajeunis Sont tout en flamme, OĆ¹ dĆ©jĆ , tout le long du jour, Le doux rossignol de lā€™amour Chante dans lā€™Ć¢me. Ah ! de quels suaves rayons Se dorent nos illusions Les plus chĆ©ries, Et combien de charmants espoirs Nous jettent dans lā€™ombre des soirs Leurs rĆŖveries ! Parmi nos rĆŖves Ć  tous deux, Beaux projets souvent hasardeux Qui sont les mĆŖmes, Songes pleins dā€™amour et de foi Que tu dois avoir comme moi, Puisque tu mā€™aimes ; Il en est un seul plus aimĆ©. Tel meurt un zĆ©phyr embaumĆ© Sur votre bouche, Telle, par une ardente nuit, De quelque SĆ©raphin, sans bruit, Lā€™aile vous touche. Camille, as-tu rĆŖvĆ© parfois Quā€™Ć  lā€™heure oĆ¹ sā€™Ć©veillent les bois Et lā€™alouette, OĆ¹ RomĆ©o, vingt fois baisĆ©, Enjambe le balcon brisĆ© De Juliette, Nous partons tous les deux, tout seuls ? Hors Paris, dans les grands tilleuls Un rayon joue ; Lā€™air sent les lilas et le thym, La fraĆ®che brise du matin Baise ta joue. AprĆØs avoir passĆ© tout prĆØs De vastes ombrages, plus frais Quā€™une glaciĆØre Et tout pleins de charmants abords, Nous allons nous asseoir aux bords De la riviĆØre. Lā€™eau frĆ©mit, le poisson changeant Ɖmaille la vague dā€™argent Dā€™Ć©cailles blondes ; Le saule, arbre des tristes vÅ“ux, Pleure, et baigne ses longs cheveux Parmi les ondes. Tout est calme et silencieux. Ɖtoiles que la terre aux cieux A dĆ©robĆ©es, On voit briller dā€™un Ć©clat pur Les corsages dā€™or et dā€™azur Des scarabĆ©es. Nos yeux sā€™enivrent, assouplis, A voir lā€™eau dĆ©rouler les plis De sa ceinture. Je baise en pleurant tes genoux, Et nous sommes seuls, rien que nous Et la nature ! Tout alors, les flots enchanteurs, Lā€™arbre Ć©mu, les oiseaux chanteurs Et les feuillĆ©es, Et les voix aux accords touchants Que le silence dans les champs Tient Ć©veillĆ©es, La brise aux parfums caressants, Les horizons Ć©blouissants De fantaisie, Les serments dans nos cÅ“urs Ć©crits, Tout en nous demande Ć  grands cris La PoĆ©sie. Nous sommes heureux sans froideur. Plus de bouderie ou dā€™humeur Triste ou chagrine ; Tu poses dā€™un air triomphant Ta petite tĆŖte dā€™enfant Sur ma poitrine ; Tu mā€™Ć©coutes, et je te lis, Quoique ta bouche aux coins pĆ¢lis Sā€™ouvre et soupire, Quelques stances dā€™Alighieri, Ronsard, le poĆ«te chĆ©ri, Ou bien Shakspere. Mais je jette le livre ouvert, Tandis que ton regard se perd Parmi les mousses, Et je prĆ©fĆØre, en vrai jaloux, A nos poĆ«tes les plus doux Tes lĆØvres douces ! Tiens, voici quā€™un couple charmant, Comme nous jeune et bien aimant, Vient et regarde. Que de bonheur rien quā€™Ć  leurs pas ! Ils passent et ne nous voient pas : Que Dieu les garde ! Ce sont des frĆØres, mon cher cÅ“ur, Que, comme nous, lā€™amour vainqueur Fit lā€™un pour lā€™autre. Ah ! quā€™ils soient heureux Ć  leur tour ! Embrassons-nous pour leur amour Et pour le nĆ´tre ! ChĆØre, quel ineffable Ć©moi, Sur ce rivage oĆ¹ prĆØs de moi Tu te recueilles, De mĆŖler dā€™amoureux sanglots Aux douces plaintes que les flots Disent aux feuilles ! Dis, quel bonheur dā€™ĆŖtre enlacĆ©s Par des bras forts, jamais lassĆ©s ! Avec quels charmes, AprĆØs tous nos mortels exils, Je savoure au bout de tes cils De fraĆ®ches larmes!
Ce poème de Banville nous incite à apprécier chaque moment, à ressentir la magie de l’amour au printemps. N’hésitez pas à plonger dans d’autres œuvres de cet auteur pour découvrir encore plus de ses inspirations romantique.

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