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Colomb et le Vieil Indien

Dans son poème ‘Colomb et le Vieil Indien’, Marie-Anne Du Boccage explore la confrontation entre les valeurs simples et profondes d’un vieil Indien et les mœurs complexes d’un explorateur européen. Écrit au 18ᵉ siècle, ce poème reste pertinent aujourd’hui en questionnant notre rapport à la nature et à la civilisation. À travers ce dialogue, l’auteur met en lumière les différences culturelles tout en invitant à une réflexion sur la véritable richesse de l’existence.
Le portrait dont Colomb crayonne ici les traits Aux doutes du vieillard ouvre un si vaste abîme Que, malgré lui, sa voix par ces mots les exprime. « Merveilleux étranger, tu dis que sous tes rois La valeur, les talents ont pour appui les lois ; Et que l’oisif, nourri par l’indigence active, Prive de vos moissons la main qui les cultive : Cet injuste pouvoir étonne mes esprits ! Ici les biens communs des vertus font le prix; Le vice y fuit en vain le mépris qui l’accable : La raison nous gouverne, et ce juge équitable Des rangs et des honneurs défend l’ordre inégal ; L’appétit satisfait par un repas frugal Renaît par l’exercice, et des plantes vulgaires Sont à nos maux légers des baumes salutaires. Nous goûtons le présent, sans craindre l’avenir. Ainsi se sont passés mes jours prêts à finir. Pour l’instant fugitif de cette courte vie. Si de rustiques toits contentent notre envie, Nous consacrons nos soins à parer nos tombeaux, Lieux où nous jouirons d’un éternel repos. » À ces mots l’Amiral interrompt ce sauvage Que dans Athènes et Rome on eût vanté pour sage. «Heureux vieillard, dit-il, sur vos bords fortunés. Je vois que le bonheut naît des désirs bornés. Dans nos champs, il est vrai, par l’orgueil et le faste Le goût pour les plaisirs prend un essor trop vaste : Nos peuples, qui dans l’art cherchent la volupté. De la simple nature ont petdu la beauté. Mais, pour justifier des mœurs qui vous étonnent, Voyez, au sein des maux, les biens qui nous couronnent. De la nécessité naquitent les talents. Le luxe les nourrit, et pout chatmer nos sens Nos soins ingénieux surpassent la nature. Du ttavail d’un insecte » ils font notre pâture; Nos rois doivent leur pourpre * aux habitants des eaux ; Les arts, pour l’enrichir, ont filé’ les métaux ; Et d’un sable apptêté, que le feu liquéfie, Sort ce vase »éclatant que ma main vous confie. Daignez en accepter le trop fragile don. Le tissu qui me couvre est la riche toison Qu’à nos troupeaux nombreux emprunte l’industrie. Enfin, pour détailler le bien qu’en ma patrie Aux vœux de l’opulent le besoin a produit, Il faudrait plus de temps que l’astre de la nuit N’en met à varier son front à triple face’. L’ennui, qui des oisifs suit sans cesse la trace, S’épuisant en projets, civilisa nos mœurs ; Tout, jusqu’aux passions, modéra ses ardeurs ; La guerre avec plus d’ordre assouvit sa vengeance ; L’amour fut malgré lui soumis à la décence ; La vérité, trop dure à l’oreille des rois, Apprit de l’éloquence à déguiser sa voix : Pour les flatter, l’Egypte inventa la sculpture*. Un bloc de marbre, où l’art imite la nature, Des plus fameux héros nous rend les vrais portraits, Sur l’airain, la gravure éternise leurs faits ; Et, de ces traits parlants multipliant l’image. Raconte leurs exploits au plus lointain rivage. Cet art rend le passé présent à nos regards ; Mais l’avenir, terrible à qui craint ses hasards, A pour notre bonheur un voile impénétrable. L’homme en vain jusqu’aux Cieux élève un œil coupable, Les astres’ sur son sort ne l’ont point éclairé. Mieux instruit de leur cours, trop longtemps ignoré, Contemplateur des lois qu’observe la nature, Il la rend plus fertile à force de culture. Les ressources de l’art, jointes à nos efforts, De tous les éléments empruntant les ressorts, Aplanissent » les monts, aux cieux élèvent l’onde* Mais le succès rend l’âme en désirs plus féconde : Rien n’en borne les vœux ; et nos champs et nos soins Ne peuvent satisfaire à nos vastes besoins. De contrée en contrée on voit l’Europe avide Echanger ses moissons contre un métal aride, Devenu précieux par l’usage imposteur De ne peser les biens qu’au poids de sa valeur. Combien la soif de l’or produisit d’arts utiles! Je lui dois le secours de ces châteaux mobiles Transportés par les vents sur vos bords fortunés. Leut vol tient en suspens vos esprits étonnés. »
Ce poème nous invite à réfléchir sur nos propres valeurs et sur ce que nous considérons comme essentiel dans nos vies. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Marie-Anne Du Boccage et à partager vos réflexions sur ce texte qui dépasse le temps.

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