Mars gonflait les durs bourgeons gluants.
Le jaune des crocus tachait les prés acides.
Les ornières luisaient noire.
Les arbres vides
Étendaient leurs doigts nus sur l’azur du néant.
J’eus froid.
Je m’éveillai.
Mon argile meurtrie
Tressaillit sous le choc d’un galop furieux.
De lourds sabots frappaient les chemins pleins de pluie
Et jetaient de la boue à la face des dieux.
Atys parut serrant de ses cuisses dorées
Un court cheval hirsute, humide et blanchissant
De l’écume et du sel que laissent les marées.
Nu sur le cheval nu, je vis passer l’enfant
Et fis pleuvoir sur lui les branches sans feuillage.
Mais lui riait, couvert de ce léger pelage
Dont la flamme montant du ventre jusqu’au cœur
Embrasait tout son corps d’une fauve lueur.