Le poème ‘Du Passé au Présent’ par Honoré Harmand capture avec finesse les réflexions sur le Temps et la mémoire. Écrit dans une période où la poésie traditionnelle fleurissait, ce texte évoque la lutte entre les souvenirs nostalgiques de l’enfance et les réalités inévitables de la vie adulte. À travers des vers riches en émotions, Harmand aborde les thèmes universels de l’amour, de la douleur et de la quête de sens, rendant cette œuvre d’une pertinence intemporelle.
Que de fois attentif à tous les bruits divers Venant à mon oreille ai-je ÃĐcrit dans mes vers Le bonheur de la Vie ainsi que ses chagrins Et soulevÃĐ son poids si pesant à mes mains Que de fois n’ai-je pas admirÃĐ ses chimÃĻres VÃĐcu comme un mortel ses plaisirs ÃĐphÃĐmÃĻres Et senti dans mon coeur dormir d’un lourd sommeil Le PassÃĐ fugitif et tragique ou vermeil Suivant que mes pensers s’attachant à son rÃĻgne Me rappelaient l’amour et les lois qu’il enseigne Ou les parfums perdus et les jours gaspillÃĐs Dont à peine en mon coeur les dÃĐbris sont restÃĐs Me prenant à tÃĐmoin des secrets de la Terre J’ai voulu m’expliquer cet ÃĐtrange mystÃĻre Qui plane dans le Ciel, dans l’ombre de nos coeurs Je me suis demandÃĐ pourquoi de nos douleurs Nous faisons-nous un jeu aux jours de la jeunesse Pourquoi n’avons-nous pas un frisson de tristesse Au tendre souvenir de nos plus jeunes ans Quand d’un pas incertain nous allons souriants Dans le sentier en pente ou sur la longue route Sans dÃĐchirer notre ÃĒme aux ÃĐpines du Doute Sans nous prÃĐoccuper des dÃĐcrets du Destin Pour le jour d’aujourd’hui cherchant un lendemain Ressemblant à celui qui passe et qui s’efface N’ayant qu’un seul souci c’est de combler la place Que le jour disparu laisse aprÃĻs son trÃĐpas Pourquoi, pour quelle cause ? HÃĐlas, je ne sais pas ! Peut-Être cet instinct doublÃĐ d’intelligence Est-il chez nous un don de dame Providence Et vivons-nous les jours sans nous les expliquer Je le crois à cet ÃĒge on ne sait pas pleurer On ne sait pas comprendre et l’amour et les larmes A chaque heure qui sonne un ange plein de charmes Veille sur notre coeur et n’y permet d’entrer Que les jeux innocents qui peuvent amuser Notre heureuse jeunesse ou plutÃīt notre enfance Age mÃŧr de la vie ÃĒge d’insouciance OÃđ les sombres regrets n’ont aucune moisson Pour nourrir la vengeance au sein de la Raison Age oÃđ s’ignorent encor les secrets de la vie Et pour qui la vieillesse eut toujours de l’envie. Comme d’un livre cher par ses nombreux secrets Je vais de mon PassÃĐ tourner tous les feuillets Reprenant chaque jour, l’arrÊtant dans sa course Je vais du fleuve mort remontant vers sa source Suivre le cours cachÃĐ dans l’abÃŪme du Temps Revivre mes hivers et mes heureux printemps Et comme un voyageur chargÃĐ d’une besace Je vais suivre la route et chercher à sa place Ce que j’y ai laissÃĐ dans les jours disparus Peut-Être mes efforts seront-ils superflus Qu’importe j’entreprends l’intÃĐressant voyage Du berceau de la Vie aux plaisirs d’un autre ÃĒge Que vois-je aux premiers jours, incertain sur mes pas Je vis des jours heureux que je ne comprends pas Je ne saurais pleurer quand mon rÊve s’envole Et dÃĐjà quoique jeune on m’entraÃŪne à l’ÃĐcole Je commence d’apprendre et du matin au soir Un maÃŪtre patient ÃĐclaire mon savoir J’apprends des mots bien doux mais chargÃĐs de mystÃĻre Et dans mon coeur encor aucun flambeau n’ÃĐclaire Cette route oÃđ bientÃīt s’en va notre Raison Mais qu’importe ici-bas chaque chose a son nom Tout respire, s’attache tout à son heure brÃĻve Le coeur a son amour et l’amour a son rÊve. Je grandis lentement à cet ÃĒge oÃđ nos coeurs Consacrent à l’ÃĐtude une part des douceurs Dont nous distribuons le prÃĐcieux salaire L’emploi de notre temps ! L’ÃĐtude et la priÃĻre Notre moindre penser s’envole vers les cieux Notre mÃĻre nous dit que les Êtres heureux Ont puisÃĐ dans la foi leur plus douce espÃĐrance Et que Dieu dans nos coeurs sema la rÃĐcompense Des plus petits bienfaits des plus simples efforts La priÃĻre soutient et sait nous rendre forts Quand avec nos douleurs nous engageons la lutte Dieu de nos dÃĐsespoirs sait protÃĐger la chute D’une ivresse sublime il sait troubler nos coeurs Et nous faire braver les lÃĒches insulteurs Je crois, je suis heureux et dÃĐjà le mystÃĻre Semble Être moins obscur et ma raison plus claire CroÃŪt avoir devinÃĐ les comment les pourquoi Qui se posent toujours comme une grande loi Dans les jours de la Vie. On m’apprend à connaÃŪtre Ce que vaut le bonheur et dÃĐjà je pÃĐnÃĻtre Dans un rayon plus grand j’ai hÃĒte de savoir Ce que l’homme doit Être et quel est son devoir Je lis de nos aÃŊeux les combats les victoires Mais puis-je distinguer dans l’ombre des histoires Le germe de la Vie et ses tristes secrets Je ne devine pas les remords les regrets Dont l’homme s’est servi pour les frais de la guerre Le paysan reçoit les bienfaits de la terre Pour acquitter sa dette il offre ses efforts L’amour exige un coeur et la guerre des morts. Je ne saurais lutter je n’ai pas besoin d’armes Je jouis du bonheur sans qu’il veuille des larmes Pour prix de ses bienfaits. Je n’ai pas de rançon A fournir au TrÃĐsor et ma faible raison Ne lui prodigue pas mainte reconnaissance Le bonheur gÃĐnÃĐreux fait crÃĐdit à l’enfance Le Temps passe rapide et des bancs de l’ÃĐcole Comme un petit oiseau de sa cage s’envole Je pars j’ai besoin d’air je veux la libertÃĐ Que conçoit de l’enfant la naissante fiertÃĐ Je vais, je n’ai plus peur au bord du prÃĐcipice Je me hasarde seul sans regarder le vice Ouvrant devant mes yeux son livre plein d’espoir Je l’ignore et pour cause il est rose il est noir A mes yeux ÃĐtonnÃĐs et je crois le connaÃŪtre Il me semble facile à vaincre et à soumettre Je ne saurais faiblir devant ses passions A quinze ans on ressemble aux jolis papillons Qui viennent sur la terre en folles envolÃĐes Glaner les belles fleurs par l’abeille oubliÃĐes Nous rÃĐcoltons les grains par nos pÃĻres semÃĐs Mais souvent leurs conseils ne sont pas ÃĐcoutÃĐs Et dans le champ parfois la faux coupe l’ivraie Qui se mÊle au bon grain. La vertu nous effraye Sans crainte de rougir nous devons accuser Ces dÃĐfauts que les fats se tÃĒchent de cacher J’entre enfin dans le monde et je commence à vivre Des mystÃĻres obscurs mon ÃĒme se dÃĐlivre Je travaille à fixer mon esprit vers un point Que je tÃĒche d’atteindre et ne quitterai point Qu’au jour oÃđ de mes ans la charge un peu trop lourde Et mon oreille aux bruits vieille deviendra sourde Quand sur ma tÊte hÃĐlas en devinant mes ans La jeunesse verra croÃŪtre des cheveux blancs Je m’avance et faiblis suivant que la tempÊte Gronde plus effrayante au dessus de ma tÊte Je commence de voir que lutter est mon sort Et que le dÃĐsespoir sait braver le plus fort DÃĐjà je laisse errer au grÃĐ de son envie Mon rÊve qui se heurte aux rÃĐcifs de la Vie Quoi ! A cet ÃĒge heureux je suis loin du tombeau L’amour à mes dÃĐsirs ouvre un monde nouveau Je me prends à aimer je suis fou de mon rÊve Le Temps se fait rapide et l’heure se fait brÃĻve J’aime je suis aimÃĐ que voudrais-je de plus Rien mon coeur est comblÃĐ des dÃĐsirs superflus Ne sauraient attrister ma sublime chimÃĻre Je ne veux rien de plus des plaisirs de la Terre Je ne demande rien à l’oracle des jours Rien au bonheur d’autrui rien aux folles amours Qui nous ouvrent la route oÃđ notre esprit s’ÃĐgare OÃđ le dÃĐsir toujours avec grÃĒce se pare Pour plaire aux passions dont nous sommes gourmands Dont le germe est fÃĐcond dans nos cerveaux d’enfants Mais le mal abreuvÃĐ de souffrances perfides S ÂŧÃĐveille dans nos coeurs quand les coupes sont vides. Je vis je suis heureux, crois-je l’Être qu’importe Jusqu’au jour oÃđ l’amour va sur la flamme morte Je ter le dernier souffle et le dernier soupir Et de cette heure hÃĐlas je commence à souffrir Je pleure et dans mes yeux les douleurs passagÃĻres Jettent un voile sombre et dÃĐjà mes chimÃĻres S’envolent pour pleurer dans un premier regret Le passÃĐ disparu. Confiant mon secret Au page d’un beau livre oÃđ j’ÃĐcris mes souffrances Je me console un peu. Il sait mes confidences Le soir je me confesse et ce que j’ai pensÃĐ Je l’ÃĐcris sur mon livre et je suis consolÃĐ La Mort de sa chanson plaintive et monotone Berce d’un rÊve affreux mon ÃĒme qui frissonne Quand mon rÊve d’amour touche encor au passÃĐ Je me plais à revoir oÃđ nous avons passÃĐ Elle et moi dans les jours heureux inoubliables Ici le souvenir des baisers ineffables Me grise quand je pense à tant de voluptÃĐs Là c’est d’un soir mauvais les regards attristÃĐs Je vais aimant encor le PassÃĐ que je glane Dans le chemin dÃĐsert mais le silence plane OÃđ s’entendait le bruit de nos baisers confus Quand nos coeurs palpitants, troublÃĐs et confondus Exhalaient leur amour. Je m’arrÊte, j’ÃĐcoute HÃĐlas je n’entends rien qu’un passant sur la route Troublant d’un pas pesant le calme de la nuit Tout est mort ; le PassÃĐ dans le jour qui s’enfuit N’a pas laissÃĐ du rÊve un souffle, une fumÃĐe Cependant du foyer la flamme consumÃĐe Dans la cendre parfois laisse un peu de chaleur Et quand l’amour s’ÃĐteint dans la cendre du coeur Le PassÃĐ bien souvent laisse un peu de chimÃĻre Mais là tout est bien mort et Celle qui m’est chÃĻre Ne vient plus ÃĐcouter dans la brise du soir La chanson que le vent apportait du manoir Quand nous venions rÊver sous les sombres murailles Du chÃĒteau ancestral oÃđ jadis les batailles Faisaient se rencontrer de cruels ennemis Sous l’aile de la Mort les guerriers endormis Ne s’ÃĐveilleront plus aux clartÃĐs d’un beau jour. Le Temps passe et mon coeur ÃĐcoute un autre amour Je goÃŧte avidement à son nouveau breuvage Au livre de mes jours je fixe une autre page Et je vais parcourant la route du PassÃĐ Je crois le souvenir dans mon coeur effacÃĐ Mais soudain de l’amour la flamme consumÃĐe Dans un regret plus cher, ardente est ranimÃĐe Je chasse loin de moi, loin de mes jours heureux Le spectre que j’ai vu effrayant à mes yeux Mais cruel il s’attache ; il m’affronte, il persiste Il me suit je le chasse, un instant je rÃĐsiste Mais bientÃīt je succombe et mon coeur affaibli Fait place au souvenir et se tait à l’oubli Je sens que des douleurs la marche plus rapide Va me frapper bientÃīt. Le torrent intrÃĐpide EntraÃŪne dans ses flancs une part des citÃĐs Et ses flots bouillonnants ne sont pas arrÊtÃĐs Par le chÊne gÃĐant et la plus lourde masse Semble trembler de peur devant le flot qui passe Ne ressemblons-nous pas à ce chÊne gÃĐant EntraÃŪnÃĐ par les flots dÃĐchaÃŪnÃĐs du torrent Et quand de nos douleurs la vague ÃĐchevelÃĐe Heurte brutalement notre oeuvre inachevÃĐe Nous tremblons du PassÃĐ, nous craignons l’Avenir Nous n’osons avancer, la crainte de souffrir Nous arrÊte en chemin. Et bientÃīt le courage Ranime nos efforts. Quand a passÃĐ l’orage Le soleil bienfaisant sur le toit des maisons Jette encor la clartÃĐ de ses brÃŧlants rayons Puis une fois de plus je tombe et me relÃĻve Vers un but idÃĐal je vais guidant mon rÊve Je jouis des plaisirs que me donne Aujourd’hui L’amour qui me donnait la veille de l’ennui Et plein d’insouciance au caprice des heures Je livre ma gaietÃĐ ma tristesse et mes leurres Mais nous avons besoin de guider notre esquif Le pilote à la barre est toujours attentif A la clartÃĐ, le jour, et la nuit, aux ÃĐtoiles Il sait de quel cÃītÃĐ doivent s’enfler les voiles Nous sommes ce pilote et les voiles du Temps Ne savent pas s’enfler seules au grÃĐ des vents Je m’aperçois bientÃīt que mon esprit s’ÃĐgare Et que de mon bonheur la tristesse s’empare Je ne veux plus souffrir et je veux espÃĐrer Que l’Homme sur la Terre est venu pour aimer J’aime et j’arrive heureux au terme du voyage Je laisse à l’Avenir le soin d’une autre page Que ma plume ÃĐcrira dans l’ombre du TrÃĐpas Quand la charge des ans trop pesante à mes bras Me forcera d’aller avec plus de prudence Sur la route des jours embrasser l’EspÃĐrance Et contempler de loin l’image du Plaisir Dont le coeur de vieillards garde le Souvenir.
Ce poème incite à une profonde introspection sur notre propre parcours à travers le temps. En découvrant les réflexions d’Harmand, peut-être serez-vous inspiré à explorer davantage ses œuvres ou à partager vos propres pensées sur le passage du temps et la mémoire.