Le poème ‘Écoute, Cannibale’ d’Abdellatif Laâbi constitue un cri puissant de résistance et de mémoire. Écrit dans un contexte historique marqué par l’oppression coloniale et l’exil, Laâbi utilise une voix collective pour évoquer la douleur et l’espoir d’un peuple. Le poème se caractérise par des images fortes et une émotion palpable, capturant l’essence d’une lutte pour la dignité et la liberté.
Ecoute cannibale
ma voix vingt millions d’esclaves
Tout doux ce courroux
qui gonfle les voiles
les poings stridents sortis de
longue convalescence la parole
bouillonnant défonçant d’antiques
mutismes Souffles, souffles et claque
l’étendard aiguisé sur la mémoire des
meurtres la mitraille à ras d’enfance
le cri roide de beaux gaillards
palpitant d’espoir au fin fond
du troisième cercle de tes cryptes
Hé printemps de mon peuple
quand tu germes sans tocsin
quand tu fourbis roses et châtiments
trancher les strates de suaires
délier les forêts mûres de bras
échanger les fruits d’intelligence
Souffles, souffles
et claque l’étendard
aiguisé sur la mémoire des meurtres
en branle l’Histoire
épongeant les méandres d’hibernation
marasmes du rapt et de nos faiblesses crasses
guêpier insalubre des maîtres délateurs
trompant la faim
la soif
et l’amour feutrant la colère et l’insoumission dressant écrans, tréteaux pour délayer le soleil opportunistes de tous bords
Écoute cannibale
écoute-moi bien
ma voix vingt millions d’esclaves
vingt ans et plus à l’enseigne des faussaires
et nous
suant la mort de partout
exténués de rêves fous et d’attente
Mon corps. Quelques livres. Et des fenêtres-poumons percées à même la
carapace du monstre
Prison étale
Je prends acte d’exil. Je prends acte de notre nuit et des prémices de l’aube.
Une brise se lève au creuset de notre immémoriale résistance. Mes yeux en
sont l’histoire. D’où me vient cette mémoire ? Et les mots pour le dire me
bouleversent, d’abord
J’aime. Fou de notre fraternité. J’exhume nos misères, l’indicible tristesse qui
nous donne cet air égaré de peuple non heureux
J’exhume l’écho de la cavalcade, appareillant de siècle en siècle. Fièvres de
siba. Insurrections torrides rejetant l’impôt, les exactions régaliennes, le droit
de cuissage
Sous chaque trône, une poudrière. Un peuple jamais soumis
ma voix vingt millions d’esclaves
Tout doux ce courroux
qui gonfle les voiles
les poings stridents sortis de
longue convalescence la parole
bouillonnant défonçant d’antiques
mutismes Souffles, souffles et claque
l’étendard aiguisé sur la mémoire des
meurtres la mitraille à ras d’enfance
le cri roide de beaux gaillards
palpitant d’espoir au fin fond
du troisième cercle de tes cryptes
Hé printemps de mon peuple
quand tu germes sans tocsin
quand tu fourbis roses et châtiments
trancher les strates de suaires
délier les forêts mûres de bras
échanger les fruits d’intelligence
Souffles, souffles
et claque l’étendard
aiguisé sur la mémoire des meurtres
en branle l’Histoire
épongeant les méandres d’hibernation
marasmes du rapt et de nos faiblesses crasses
guêpier insalubre des maîtres délateurs
trompant la faim
la soif
et l’amour feutrant la colère et l’insoumission dressant écrans, tréteaux pour délayer le soleil opportunistes de tous bords
Écoute cannibale
écoute-moi bien
ma voix vingt millions d’esclaves
vingt ans et plus à l’enseigne des faussaires
et nous
suant la mort de partout
exténués de rêves fous et d’attente
Mon corps. Quelques livres. Et des fenêtres-poumons percées à même la
carapace du monstre
Prison étale
Je prends acte d’exil. Je prends acte de notre nuit et des prémices de l’aube.
Une brise se lève au creuset de notre immémoriale résistance. Mes yeux en
sont l’histoire. D’où me vient cette mémoire ? Et les mots pour le dire me
bouleversent, d’abord
J’aime. Fou de notre fraternité. J’exhume nos misères, l’indicible tristesse qui
nous donne cet air égaré de peuple non heureux
J’exhume l’écho de la cavalcade, appareillant de siècle en siècle. Fièvres de
siba. Insurrections torrides rejetant l’impôt, les exactions régaliennes, le droit
de cuissage
Sous chaque trône, une poudrière. Un peuple jamais soumis
À travers ‘Écoute, Cannibale’, Abdellatif Laâbi nous invite à réfléchir sur notre propre histoire et à embrasser la résistance comme un acte de mémoire. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Laâbi, toujours empreintes de profondeur et de réflexion.