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Exil sous une cathédrale silencieuse

Plongez dans ‘Exil sous une cathédrale silencieuse’, un poème qui explore les profondeurs de l’âme humaine, confrontée à l’exil, à la solitude et à la quête de sens. À travers des images puissantes et des émotions intenses, ce texte vous transporte dans un univers où le temps semble suspendu, et où chaque pierre de la cathédrale murmure des secrets enfouis.
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L’Exilé de l’Éternel Silence

Dans la nef où le temps suspend son vol austère,
Un homme aux pas muets franchit l’ombre des pierres,
Son manteau, lourd d’adieux, traîne sur les dallais
Qui gardent les soupirs des anciens mausolées.
Les vitraux, œils éteints des saints ensevelis,
Sur ses cheveux cendrés pleuvent des crépusc’lis,
Et sa main, frêle esquif perdu sur les marbres,
Cherche en vain un appui parmi les froides arbres.

Ô cathédrale ! Écho des regrets inouïs,
Tes voûtes ont connu les sanglots enfouis,
Les espoirs enchaînés aux clés de vos arcades,
Les âmes qui dansaient sous les lunes malades.
Voyageur, qui contemple avec des yeux d’hiver
Ces murs où le destin cisela son éther,
Pourquoi venir mêler ta plainte solitaire
Au chœur des souvenirs qui hantent ce mystère ?

Il lève un front marqué par les soleils défunts :
« Lieu saint où nulle croix ne dresse ses parfums,
Je n’apporte en ton sein ni prière ni cierge,
Mais l’unique lueur d’un astre qui submerge.
Car j’ai fui les sentiers où riaient les ruisseaux,
Les toits où se berçait le nid de mes berceaux,
Et j’ai suivi là-haut, sur la mer des nuées,
Cette étoile qui perce les ténèbres trouées.

Elle m’a dit un soir, de sa voix de cristal :
“Viens boire à mes rayons l’oubli du jour natal.
Je serai ton pays, ton foyer, ton église,
L’horizon qui jamais ne courbe son emprise.”
Mais chaque pas vers elle élargit mon exil,
Et son feu, qui promet, consume mon asile.
Maintenant, las d’errer entre ciel et néant,
Je viens rendre à la nuit mon vœu défiguré. »

Silence. Seul répond, du fond des corridors,
Un souffle qui déferle en murmures sonores,
Comme si les piliers, émus par ce discours,
Ouvraient leurs veines de grès pour en boire l’amour.
Soudain, par un ogive où danse un fin réseau,
L’astre entre, déchirant le manteau du faisceau.
Il pose à ses pieds nus une traîne de fièvre,
Et sa clarté se mêle aux pleurs de la lièvre.

« Toi que j’ai poursuivi sur les chemins des dieux,
Toi qui m’as enlevé aux chants de mes aïeux,
Vois : mes soleils sont morts dans les plis de ton voile.
Pourquoi m’avoir leurré d’une si vaine étoile ?
— Enfant des horizons que l’exil a flétris,
J’ai voulu t’arracher aux regrets de ton lit,
Car ton cœur était pris par les douces geôles
Où stagnent les parfums des bonheurs qui se meurent.

Je t’offrais l’infini, les royaumes sans lois,
Les déserts constellés où naissent les effrois,
Les cités de brouillard aux coupoles sublimes…
— J’ai perdu jusqu’au nom des choses que j’estime !
Mes nuits n’ont plus de mots pour chanter les étangs,
Et mes mains ont laissé choir les rubans du temps.
Rends-moi le cri des bois, les sources familières,
Ou brise-moi le front sur tes splendeurs premières ! »

L’astre pâlit, pareil à un lys détaché :
« Je ne puis délier le sort que tu as cherché.
L’exil est un collier dont chaque perle est pure,
Mais qui mord à la chair pour sceller sa morsure.
Va ! Ceux qui ont goûté aux larmes des lointains
Ne savent plus aimer que l’ombre des matins.
Je m’éteins… Demain, d’autres cieux me verront naître.
Toi, demeure : ton ciel est celui de renaître. »

Alors, l’homme se dresse, effroyable et divin,
Ses yeux sont deux débris de miroirs sans reflets,
Il étreint les piliers, invoque les reliques,
Mais les murs ne sont plus que des spectres obliques.
L’astre fond dans l’aurore ainsi qu’un pleur amer,
Laissant choir sur ses mains une poussière d’mer.
Il court, heurte les bancs, les autels sans visage,
Et mord la pierre froide en un dernier hommage.

Ses doigts creusent le sol pour y trouver un nid,
Mais la terre est de bronze et le passé banni.
Il s’écroule, pareil aux feuilles de novembre,
Tandis que lentement, au-dehors, le décembre
Enroule la cathédrale en son linceul de vent.
Son dernier souffle erre en écho décevant :
« Ô toi qui m’as appris l’amour des solitudes,
Prends ce corps sans royaume en ta béatitude… »

Midi sonne. Les saints, dans leurs niches de chêne,
Détournent leurs regards de cette humaine peine.
Un rayon, indolent, caresse un gisant pâle
Dont les paupières sont des portes sans cavale.
Et l’étoile, là-haut, rit dans l’azur profond,
Car l’exilé n’est plus qu’un mot que le temps fond.
La cathédrale emplit ses poumons de silence,
Gardien éternel des adieux sans naissance.

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Ce poème nous invite à réfléchir sur notre propre exil intérieur, sur les étoiles que nous poursuivons et les cicatrices qu’elles laissent. Il nous rappelle que, parfois, c’est dans le silence et l’ombre que nous trouvons les réponses les plus profondes. Laissez-vous emporter par cette méditation poétique et découvrez ce que signifie vraiment renaître.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr

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